Les Dépêches de Brazzaville



Bizenga photography : la simplicité sensible


Venu à Dakar après son bac pour étudier la physique et la chimie, il a rencontré des photographes passionnés et participé à des ateliers de formation animés par Awa Mbaye, photographe de presse, à l’Institut français de Dakar. Très vite, il s’est imposé, avec douceur. Car le regard de Bizenga est particulier. Il l’explique d’une voix douce, mais sûre du chemin qu’il a pris : « Certains photographes m’inspirent, et voir leur travail m’a aidé à trouver mon style en cherchant la différence. »

Il a une prédilection pour les portraits, et le rendu en sépia, ce qui est assez rare en nos temps de sursaturation de couleurs et d’effets : « J’aime cet effet vieilli, cet aspect comme des archives du temps présent. Les photos de mes parents étaient en sépia ! » Ses photographies reflètent une attention sensible et attentive à la condition humaine. D’ailleurs, Bizenga aime échanger avec les sujets de ses clichés : « Après la prise de vue, je montre la photo. On discute, la personne me raconte un peu sa vie. Je prépare une exposition qui s’intitulera Every Day, la vie de tous les jours, sur tous ces gens différents que je rencontre. Par exemple, ici, on voit des femmes voilées, des enfants talibés, ce que je ne voyais pas chez moi. Il y a beaucoup d’enfants mendiants dans les rues (talibés), et cela me choque vraiment. » Pour lui, la photographie n’est pas qu’affaire d’esthétisme ou de sensationnel : « Bien sûr, la photo est une manière de faire passer un message, de faire évoluer la société. Il y a de l’émotion et différentes sensations. J’aimerais vraiment faire passer cela dans mes photos, mais je sais bien que chacun va l’interpréter comme il le voudra ! » Sa photo préférée est, encore aujourd’hui, sa première : « Un jeune homme allongé sur une plage. Jusqu’à présent, cette photo me touche beaucoup. Je la regarde souvent, je réfléchis à ce qu’elle veut dire… »

Bizenga a bien conscience de la particularité de la patrie de Léopold Sédar Senghor, le président poète, qui a su accompagner sa démarche artistique et la renforcer, et aimerait donner une impulsion de ce genre à la culture congolaise : « Au Sénégal, le côté culturel est plus développé que chez nous au Congo. Ici, les gens se donnent à fond pour valoriser leur art. Au Congo, on n’accorde pas trop d’importance à l’art. J’aimerais organiser des stages de photo au Congo, aider à ce que la culture congolaise se développe, que des artistes trouvent leur voie, et puissent se former»

Quand on lui demande s’il a un message à faire passer « au pays », les mots viennent, faciles, plus aisément que pour parler de lui : « Les jeunes artistes n’ont qu’à travailler dur, l’art c’est une passion qu’il ne faut jamais abandonner. Ce n’est qu’en travaillant que l’on peut avoir de bons résultats. Les conseils des anciens aussi sont très importants. Pour ceux qui ont des projets de voyage, qu’ils les fassent ! C’est bon de découvrir d’autres cultures, cela enrichit vraiment, artistiquement et humainement. »

 


Laure Malécot