Les Dépêches de Brazzaville



Budget 2014 : Matata Ponyo réplique ce vendredi


Le Premier ministre, Matata Ponyo, devra répondre à une pluie de questions et préoccupations des élus du peuple. Dans ce projet de budget chiffré à 8 milliards de dollars américains, la grande question a concerné la part des appuis budgétaires, avec la non-reprise formelle des discussions avec le FMI pour un nouveau programme économique. Dans le budget général, les recettes courantes représentent 63% des recettes totales. La chambre basse veut être informée des dispositions et mesures adéquates prises en interne avant toute normalisation avec les bailleurs de fond traditionnels. Toujours sur le volet des recettes, des voix se sont élevées pour épingler la faible capacité de maximisation de l’Etat, responsable d’ailleurs d’une importante évasion fiscale. Il existerait un potentiel fiscal capable d’aider le pays à se doter d’un budget de plus 20 milliards de dollars américains. Les élus ont épinglé plusieurs causes : contreperformance de la Dgrad, mauvaise tenue des comptes publics, faible exécution des prévisions budgétaires, etc.

Cependant, d’autres se sont interrogés sur le budget annexe car plusieurs rubriques de recettes n’ont pas de chiffres dans ce projet de budget. Ce point devrait mettre ensemble le gouvernement et la commission Ecofin pour apporter tout l’éclairage possible. Il est aussi question d’arriver à tracer les recettes prévues dans les comptes spéciaux. Pour un élu du peuple, l'absence d'un compte général du trésor unique placé sous la seule responsabilité du ministre des Finances peut en être une explication. Cela explique en tout cas, a-t-il ajouté, la multiplicité des soldes budgétaires publiées par la BCC, le ministère des Finances et le ministère du Budget. L’exécutif national a été invité à gérer en se référant scrupuleusement au budget. Entre 2011 et 2014, les prévisions budgétaires ont été souvent irréalistes, et ont entrainé d’importantes moins-values à la fin des exercices, a indiqué un autre élu.  Aussi s’est-il interrogé sur la thérapie la plus indiquée pour mettre fin à l’évasion fiscale et au coulage des recettes dans les secteurs aussi stratégiques que les mines et les hydrocarbures, moteur de la croissance économique du pays.

La faible exécution des dépenses sociales préoccupe aussi au plus haut point les députés nationaux, d’autant plus que celles liées au fonctionnement des institutions ont littéralement explosé. La Banque mondiale avait publié son premier rapport sur la situation économique et financière de la RDC, et a relevé un taux d’exécution des dépenses publiques en-dessous de 55% du total budgétaire en 2012, avec un taux extrêmement bas de 22% de la rubrique infrastructure et équipement. Dans le rapport de la Cour des comptes, la part du budget de la santé n’a jamais dépassé les 5% entre 2006 et 2011. En 2008, elle a touché les 8%. Or, ces prévisions déjà faibles ont connu des faibles taux de décaissement. De 2010 à 2012, ce taux a varié entre 24 et 18%. La même situation est constatée dans l’enseignement où près de 212000 enseignants mécanisés ne sont pas payés (source SECOPE). Certes, il y a eu la très budgétivore guerre à l’Est. Sur cette question, les députés nationaux ont soulevé une préoccupation sur la vision du gouvernement pour cette partie du pays meurtrie qui reprend peu à peu le goût à la vie. Sur ce point, certains députés nationaux ont rappelé l’obligation pour le Premier ministre de présenter un chronogramme clair et détaillé du programme de son gouvernement pour permettre un suivi rigoureux au niveau de la représentation nationale. Matata Ponyo devra convaincre ses interlocuteurs dès ce vendredi.


Laurent Essolomwa