Les Dépêches de Brazzaville



Budgets d’investissement des provinces : les gouverneurs placés devant leurs responsabilités


Le président de la République était face aux onze gouverneurs des provinces le 18 octobre au palais de la Nation. Sur le tapis, l’évaluation du niveau d'exécution des recommandations issues de la troisième session de la conférence des gouverneurs tenue à Kananga (Kasaï occidental) du 18 au 19 mars derniers. Le constat établi à cette occasion laisse entrevoir l’immense défi qui reste à relever au regard de la faible moisson récoltée. Ainsi qu’il ressort de la communication faite par le ministre de l’Intérieur Richard Mujey, le niveau d'exécution des recommandations est en deçà des attentes. Sur les cinquante-huit recommandations recensées, tous secteurs confondus, six seulement ont été totalement exécutées, trente-huit l'ont été partiellement et quatorze n'ont pas connu un début d'exécution. Sept mois après, on semble encore tourner en rond.

Le constat d’échec était patent quand bien même des raisons d’ordre politico-sécuritaire, administratif et financière ont été évoquées pour justifier cette situation malencontreuse. C’est ainsi par exemple que la réforme liée à la bancarisation de la paie des fonctionnaires dans certaines provinces n’a pas donné des résultats escomptés, a noté Richard Mujey avant d’affirmer que des dispositions utiles étaient en train d’être prises pour remédier à la situation. Nonobstant ce qu’il a mis sur le compte de difficultés de parcours, le ministre de l’intérieur a tout de même épinglé quelques avancées, quoique timides, sur le plan de l’agriculture, de l’enseignement et de la santé.

Plus de volonté politique

Conscients de ce qui leur reste à faire pour rencontrer les résolutions de la conférence de Kananga, les gouverneurs ont, séance tenante, pris l’engagement de procéder à des réaménagements, de manière à accélérer leur rythme d’exécution. Concernant le transfert des crédits d'investissement en provinces qui devait débuter à partir du mois d’avril 2013, le constat qui se dégage est que pendant six mois environs, les provinces ont reçu moins de 10% du forfait convenu. Ce qui a ralenti sensiblement les efforts de progrès au niveau des exécutifs provinciaux tributaires de la rétrocession pour accomplir leurs tâches de développement. L’occasion était belle pour remettre à la surface toutes les questions liées aux financements des projets, mais aussi aux budgets d’investissement tels que convenus à travers le protocole d’accord signé à la fin du mois de mars dernier.

Conscient des difficultés qu’impose la situation sécuritaire de l’Est non budgétisée, Joseph Kabila a demandé aux uns et aux autres de mettre en avant-plan la volonté politique et leur détermination d’agir collectif afin de transcender les épreuves auxquelles ils font face. Le Congo, a-t-il déclaré, « est un grand pays qui doit avoir une grande vision et des grandes ambitions pour l'ensemble des acteurs à tous les niveaux ». Pour ce faire, le Chef de l’Etat a invité les gouverneurs de provinces à mobiliser davantage les moyens de sorte à renflouer les caisses du Trésor afin que le budget de l'Etat cesse d'être seulement un budget de fonctionnement.

L’une des stratégies pour y arriver consiste à initier dans les meilleurs délais des réformes sur le régime fiscale du pays. Il s’agit, pour Joseph Kabila, de réduire le nombre d'impôts et taxes ainsi que leurs taux souvent élevés. Ce qui permettra, a-t-il déclaré à ses interlocuteurs, d'élargir les nombres des contribuables et partant, l'accroissement des recettes avec effet d’entraînement sur le budget de l’État.

Consolider la décentralisation  

Pour ce faire, a déclaré le chef de l’État, la décentralisation reste la voie obligée pour assurer le développement harmonieux de la RDC. Aussi a-t-il interpellé les gouvernants et les gouverneurs de faire en sorte que la décentralisation constitue la préoccupation majeure de tout un chacun. « C’est de cela que découle le développement », a renchéri Joseph Kabila tout en appelant à son raffermissement.

En termes d’instructions, Joseph Kabila a notamment exhorté les gouvernements provinciaux et le gouvernement central à promouvoir la transparence, à éviter la bureaucratie et à promouvoir une bonne communication entre acteurs du niveau central et ceux des provinces.


Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Joseph Kabila en séance de travail avec les gouverneurs des provinces au Palais de la Nation