Les Dépêches de Brazzaville



Burundi : le référendum constitutionnel aura lieu demain


Quelque 4,8 millions d’électeurs, soit environ 40% de la population, voteront pour le « oui » ou le « non » (« Ego » et « Oya », en kirundi). Au total, vingt-six partis, pour beaucoup proches du parti au pouvoir CNDD-FDD, et la coalition d’indépendants Amizero y’Abarundi (« Espoir des Burundais ») ont été autorisés à faire campagne. Quant à l’opposition en exil, regroupée au sein de la coalition Cnared, elle avait appelé la population à « boycotter » un référendum qui va, selon elle, signer « l’arrêt de mort » de l’Accord de paix d’Arusha de 2000. Ce texte avait ouvert la voie à la fin de la guerre civile (1993-2006) ayant fait plus de trois cent mille morts.

Si la Constitution burundaise prévoit que toute révision de cette dernière doit être approuvée « à la majorité des quatre cinquièmes des membres qui composent l’Assemblée nationale et des deux tiers des membres du Sénat », un décret, signé le 18 mars dernier, s’était opposé à cette démarche. Il prévenait plutôt que la réforme sera adoptée si la proportion de votes favorables est de 50% plus une voix, une disposition critiquée par l’opposition et certains observateurs. « Tous les citoyens burundais remplissant les conditions requises par la loi, résidant au Burundi ou à l’étranger, sont appelés à participer au référendum constitutionnel », indiquait le texte.

Quelques partis d’opposition qui sont encore présents dans le pays ont appelé à voter « non » mais leurs dirigeants ont fait savoir qu’ils craignaient les « représailles » du pouvoir en cas de boycott du scrutin. Parmi ces formations politiques, il y a le Rassemblement national pour le changement qui, par la voix de son porte-parole, George Nikiza, s’est dit « inquiet », parce que le gouvernement ne leur a pas communiqué officiellement le projet de Constitution révisée pour qu’ils puissent l’étudier et savoir avec certitude « quel est le texte qui sera soumis à l’approbation ou à la désapprobation ».

Une fois la réforme admise, elle va, selon l’opposition, permettre au président Pierre Nkurunziza de rester au pouvoir jusqu’en 2034.  En avril 2015, l’actuel président avait annoncé sa candidature à un troisième mandat. Une décision controversée qui avait plongé son pays dans une crise politique ayant fait au moins mille deux cents morts et plus de quatre cent mille réfugiés, et pour laquelle la Cour pénale internationale a ouvert une enquête.

Malgré le climat qui prévalait dans le pays, le gouvernement burundais avait adopté un projet de révision de la Constitution en octobre 2017, soumis à référendum, qui permettrait au président Nkurunziza, 54 ans et au pouvoir depuis 2005, de briguer, à partir de 2020, deux mandats de sept ans. Ce texte a été critiqué par la communauté internationale, notamment l’Union africaine qui n’a pas envoyé d’observateurs.

Selon des sources concordantes, les autorités burundaises ont prévu un fort déploiement sécuritaire, par crainte que des groupes rebelles n’essaient de perturber la consultation. Le pouvoir redoute des violences puisque ses hommes armés non identifiés et aux motivations inconnues ont tué vingt-six personnes le 12 mai, dans le nord-ouest du pays.

 


Nestor N'Gampoula