Les Dépêches de Brazzaville



CAN 2017 : une Egypte pragmatique élimine un séduisant Burkina aux tirs au but


Un gardien burkinabé de 20 ans qui rate son pénalty face à son aîné de 44 ans : c'est le scenario cruel et inattendu qui a permis mercredi à l'Egypte de se sortir du piège burkinabé. Car les septuples champions d’Afrique, absents lors des 3 dernières éditions, ont souffert face à une bien belle équipe du Burkina et peuvent s’estimer satisfaits d’avoir tenu jusqu’à la fatidique séance de tirs au but.

Longtemps le match a suivi le cours d'une histoire écrite à l'avance. "Ils défendent bien et beaucoup. Ils vont sans doute nous laisser la maîtrise du jeu", avait prédit le sélectionneur portugais du Burkina Paulo Duarte. 

Ce fut le cas : à la moindre offensive des Etalons, les Egyptiens se repliaient à onze dans leurs 45 mètres, avec un double rideau de quatre défenseurs à l'approche des buts d'El-Hadary.

Anticipant ce remake du catenaccio italien des années 1970-80, le très créatif Paulo Duarte a chargé Aristide Bancé et Préjuce Nakoulma d'animer un jeu séduisant à une touche de balle ponctué d'accélérations et de coups de force techniques, comme la tentative de retourné de Bancé juste au-dessus de la transversale (25e).

Quand ils se souvenaient que le football peut aussi se jouer en attaque, les Egyptiens assuraient des contres furtifs, comme ce tir brossé du gauche de Mahmoud Hassan de peu à côté (17e).

"Ils vont gagner sans jouer", se désolait à la mi-temps un journaliste africain favorable au Burkina, comme à peu près 99% des 19.422 spectateurs de Libreville. Dans ce match à l'Italienne, c'est le buteur égyptien de l'AS Rome Mohamed Salah qui a trouvé la faille d'un tir puissant dans la lucarne du Burkina Faso (66e).

Les chroniqueurs commençaient à parler d'une leçon de réalisme froid et sans génie imposée à des Burkinabés trop romantiques pour les rigueurs du football contemporain. 

C'était sans compter sur une action collective superbe, talonnade de Steeve Yago, remise à l'instinct de Charles Kaboré pour Bancé, qui d'une reprise rageuse a mis fin à la légende d'El Hadary le sphynx invincible (73e). Provisoirement.

Déjà décisif à la 8e minute, El-Hadary, le doyen de cette CAN, claque la frappe de Diawara en corner à la 94e et permet aux Pharaons d’aller en prolongations. Malgré la domination burkinabé (62% de possession de balle), les hommes d’Hector Cuper amènent les Etalons jusqu’à la loterie des tirs au but.

Cela commence mal pour l’Egypte, puisque le jeune Koffi arrête la tentative de Said. Mais, étrangement placé en 4e position dans la liste des tireurs, le jeune gardien de l’Asec Mimosas échoue face à son ainé El-Hadary et manque le break. Le talentueux Bertrand Traoré manquera également le sien, scellant la qualification égyptienne (4 tirs au but à 3). Comme en 1998, lors de « sa » CAN, le Burkina est privé de finale par les Pharaons.

Rarement enthousiasmante, mais solide tactiquement, probablement sous l’influence du rigoureux Cuper, ex entraineur de Valence, de l’Inter ou encore Parme, cette équipe d’Egypte, est à l’évidence moins brillante que ses devancières. Mais est en lice pour apporter une 8e étoile au football égyptien.

Ce sera face au vainqueur du match Ghana-Cameroun. En match de classement, les sympathiques Etalons affronteront le perdant pour une troisième place qu’ils n’ont jamais obtenue (2e en 2013 et 4e en 1998).


Camille Delourme avec AFP

Légendes et crédits photo : 

Salah et El-Hadary, les deux artisans de la qualification égyptienne (GABRIEL BOUYS / AFP) Aristide Bancé marque son 2e but de la compétition et égalise logiquement pour des Étalons dominateurs ( (GABRIEL BOUYS / AFP)) La tristesse du jeune Hervé Koffi, réconforté par ses coéquipiers après avoir manqué son tir au but (GABRIEL BOUYS / AFP)