Les Dépêches de Brazzaville



Chronique : les nouveaux marchés de l’économie verte


Le concept d’économie verte se caractérise par l’utilisation rationnelle des ressources, un faible taux d’émissions de carbone et l’inclusion sociale. Ces caractéristiques, difficiles à évaluer, représentent un défi pour son développement quoique de réelles opportunités existent sur le continent africain pour l’éclosion d’une réelle économie verte. En Afrique, les activités économiques sont principalement fondées sur l’exploitation des ressources naturelles. Mais avec l’ampleur des problèmes liés au dérèglement climatique, la question de la pérennité de ces ressources se pose avec acuité. C’est pour essayer de trouver des réponses à cette problématique qu’il est important d’orienter les stratégies économiques vers le concept d’économie verte.

L’économie verte englobe des activités dans des domaines variés allant de l’agro-alimentaire aux énergies en passant par la gestion des déchets, l’eau, la santé et le tourisme. Pour répondre au triple objectif social, environnemental et de rentabilité économique, les activités vertes nécessitent de gros investissements ou engendrent des coûts de production significatifs. Par exemple, les énergies renouvelables nécessitent des investissements initiaux importants bien que leurs coûts d’exploitation soient faibles contrairement aux énergies fossiles.

Les activités vertes créent de nouveaux marchés et permettent la création d’emplois. La transition vers une économie verte ne pourrait qu’améliorer la croissance économique des pays africains. Les besoins de financement de cette transition sont certes importants mais selon le Programme des Nations unies pour l’environnement, à l’échelle globale, investir 2% du PIB mondial d’ici à 2050 dans des secteurs cibles comme l’agriculture et l’énergie permettrait d’accélérer la croissance économique sur le continent. C’est ainsi que les dirigeants africains ont lié le financement de la lutte contre le dérèglement climatique à celui de la transition verte.

Dans le cadre de la lutte contre le dérèglement climatique, plusieurs instruments économiques ont vu le jour, notamment le mécanisme de développement propre et le marché carbone découlant du protocole de Kyoto. Des institutions financières publiques, des fonds souverains et des banques de développement ont également commencé à orienter une partie de leurs investissements dans l’économie verte, favorisant son développement bien qu’il soit encore modeste. Cependant, les États africains n’ont pas encore réussi à capter la majorité de ces investissements. Pour l’heure, ils développent différentes stratégies pour accroître leur soutien à l’économie verte. Ils se sont engagés sur des objectifs chiffrés de réduction d’émissions de carbone. La réalisation de ces objectifs traduisant une économie sobre en carbone reste conditionnée en grande partie par des apports financiers extérieurs.

Or, on sait que les difficultés soulevées par les entrepreneurs de l’économie verte sont liées à l’accès aux financements ou à des pratiques de taux d’intérêt élevés à cause des réticences des investisseurs face à des risques élevés. Les politiques publiques rechignant encore à créer des cadres favorables de nature à atténuer ces risques. L’économie verte s’inscrit dans la logique des réflexions en cours sur les modèles d’économies durables qui se proposent de conjuguer à la fois croissance, développement et protection des ressources naturelles. En ce sens, elle est affichée comme une solution pertinente pour mobiliser le secteur privé dans l’atteinte des objectifs du développement durable sur le continent africain.

Pour autant, le manque de financement pourrait être un frein dans la mesure où il représente un véritable défi. C’est pourquoi les dirigeants africains qui en ont fait leur cheval de bataille lors de la COP22 qui s’était tenue du 7 au 18 novembre 2016 à Marrakech (Maroc), dont le thème principal était « Le financement de la lutte contre le dérèglement climatique », doivent redoubler de volonté politique. Des institutions financières publiques, des fonds souverains et des banques de développement ont également commencé à orienter une partie de leurs investissements dans l’économie verte favorisant son développement.

Il faut le dire aussi, ces fonds en faveur de l’économie verte sont encore insuffisants pour entamer une véritable transition verte et s’adapter au changement climatique. Selon les chiffres publiés par l’ONU, les pays africains ont besoin de quarante-cinq milliards d’euros par an. Une facture qui pourrait être renforcée par le recours à des sources complémentaires de financements telles que des taxes sur le transport et les transactions financières dans les pays développés. Rien de plus naturel quand on sait que l’Afrique ne contribue qu’à 4% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial.

En somme, il existe des opportunités pour un développement plus durable en Afrique qui viendrait pallier la dégradation de l’écosystème. Les efforts pour développer une économie verte portent autant sur les secteurs traditionnels que sur de nouveaux secteurs. Il s’agit, entre autres, des transports, de l’agriculture, du bâtiment, de l’assainissement et du tourisme, secteurs dans lesquels sont développées des activités destinées à créer les dommages environnementaux. La réelle prise de conscience de l’Afrique sur l’environnement est la mise en œuvre effective de projets transversaux qui adressent les questions environnementales les plus pressantes dans chaque pays. Les pays africains doivent prendre les devants lors des négociations, de la conception et du financement de la stratégie sur l’économie verte afin d’assurer la pérennité des ressources et le bien-être de la population. 


Boris Kharl EBAKA