Les Dépêches de Brazzaville



Déforestation : les activistes s'inquiètent


Dans les nouveaux quartiers populaires comme Mbudi et Mazal, dans la commune de Mont-Ngafula, le bois reste la principale source de cuisson pour les familles. Des gros camions-remorques chargés de bois viennent déverser régulièrement leurs contenus au point de devenir une véritable référence dans cette partie de la capitale. Pourtant, il ne s’agit pas de cas isolés. En effet, plusieurs études attestent aujourd’hui que le bois reste de loin le produit de prédilection des nationaux sur l’étendue du territoire national. Le développement d’autres sources alternatives de cuisson, dont le gaz par exemple, n’a pas réussi à détrôner le charbon de bois même si leur usage tend à se répandre à grande vitesse dans les grandes villes du pays. Et les dégâts sont de plus en plus visibles sur l’environnement. Dans le Kongo central, l’on parle d’une déforestation catastrophique. Des cartes existent pour témoigner de l’importance du déboisement dans cette province portuaire de la RDC.   

A Kinshasa, le débat est relancé devant l’impuissance de l’État RD-congolais a mieux encadrer ce phénomène aux conséquences incalculables pour le pays. Le pays n’a pas compris l’importance de développer des politiques nationales de lutte contre la déforestation comme au Brésil. Par ailleurs, les lois régissant ce secteur sont superbement ignorées par les acteurs du secteur. Preuve d’une inquiétude en hausse, Kinshasa a tenu du 22 au 23 janvier son premier forum national sur cette question. Pour son organisateur, le Fonared, il faut arrêter avec cette dégradation avant que le pire n’arrive. Et il n’est plus très loin. En effet, le pays a perdu plus de 10 millions d’hectares de forêts entre 1990 et 2010. « C’est énorme ». Le deuxième chiffre particulièrement alarmant est le passage du couvert forestier de 67 % du territoire national à juste 56 %, voire 55 %. Tout s’est joué sur une période d’environ 15 ans. «On doit faire absolument quelque chose pour stopper cette dégradation.»     

En tirant toutes les leçons de la situation qui prévaut actuellement dans le secteur forestier, on en vient à déplorer les pertes quotidiennes d’hectares. Et le Kongo central peut suffisamment illustrer ce qui attend l’ensemble du pays si rien n’est fait. « Les forêts sont en train de partir. Aujourd’hui, si vous parcourez la route du Kongo central, vous n’aurez qu’à voir par vous-même.»


Laurent Essolomwa