Les Dépêches de Brazzaville



Devoir de mémoire : Emmanuel Macron convie ses pairs à la commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale


Le forum a pour objectif "de réfléchir ensemble, proposer des initiatives concrétes, réinventer le multilatéralisme et toutes les formes de coopération contemporaine pour que la paix, chaque jour, gagne du terrain", a déclaré le président français. Avant sa tenue, un appel à projet a été lancé, invitant les acteurs du monde entier, chefs d'Etat et de gouvernement, intellectuels, artistes, responsables des ONG...  "à proposer des projets concrets pour la paix", selon l'experssion d'Emmanuel Macron.
Au-delà de la France, cet événement mémoriel exceptionnel intéresse et implique de nombreux autres Etats, notamment  africains, dont les fils ont pris part, au côté de la France, à la Première Guerre mondiale, en vue de libérer un pays ami, la France. La commémoration du centenaire de cette guerre doit aujourd'hui avoir une dimension pédagogique, compte tenu des enjeux mémoriaux importants.
Il s'agit avant tout de rendre hommage à ceux qui ont vécu la guerre et ont fait le sacrifice de leur vie; l'appréhension du conflit dans la perspective d'une histoire partagée par tous, porteuse de message de paix, en vue de contribuer à la construction d'un avenir commun.

Des objectifs supplémentaires
Au-delà des objectifs annoncés par Emmanuel Macron, la commémoration a l'effet d'une violence de masse à "une échelle sans précédent";  la répercussion du conflit sur l'ensemble de la société et ses conséquences ultérieures : l'expérience combattante, la mobilisation de l'ensemble de la société civile avec ses très lourdes conséquences ultérieures (démographiques, politiques, économiques, culturelles, etc.).
Il est aussi question  d'une approche interdisciplinaire et ouverte sur les mémoires portées par d'autres pays, notamment l'Afrique et les tirailleurs "sénégalais"; souligner le caractère destructeur et le coût humain du conflit; puis affirmer sur la prise de conscience de l'idéal de paix partout dans le monde.  

Quelques chiffres clés de la Première Guerre mondiale
- Seize traités de paix ont été signés  en cinq ans pour quatre années de guerre.
- 52% des jeunes Français nés en 1894 et donc âgés de 20 ans en 1914 ont disparu à l'issue du conflit. 
- Le traité de Versailles, signé le 28 juin 1919, comporte quatre cent quarante articles imprimés pour la première fois en deux langues, le français et l'anglais, ce qui en fait l'un des plus longs traités multilatéraux de l'histoire .
- On compte environ trois cent mille ''gueules cassées'' en Europe dont quinze mille en France. Ces blessés de la face et les mutilés deviendront les symboles d'une guerre destructrice.
- En France, terrain majeur du conflit, trois millions d'hectares sont déclarés impropres à l'agriculture, par la présence dans le sol d'obus, de balles, de cadavres humains ou d'animaux.
- Le bilan humain du conflit s'élève à 9,5 millions de morts ou disparus dont 1,4 million Français, deux millions Allemands et 1,8 million Russes. 
- 73,3 millions d'hommes sont mobilisés. 48,2 millions par les puissances alliées dont 7,9 millions Français, 8,9 millions Britanniques et dix-huit millions Russes. 
- On estime à environ un milliard, le nombre d'obus tirés par les belligérants. 15% d'entre eux n'auraient pas explosé et sont accusés encore aujourd'hui de polluer les sols et les eaux.
- L'Allemagne doit verser des réparations d'un montant fixé par la Conférence de Londres en 1921 à cent trente-deux  milliards de marks or. Il sera revu à la baisse jusqu'à ce qu'Hitler, en 1933, cesse tout paiement. En septembre 2010, l'Allemagne clôt définitivement le dossier en payant les derniers intérêts.

Quelques chiffres relatifs aux troupes coloniales 
 La contribution globale de colonies à l’effort de guerre français pour la Première Guerre mondiale (1914-1918) s’est élevée à 555 491 soldats, dont 78 116 ont été tués et 183 903 affectés à l’arrière à l’effort de guerre économique en vue de compenser l’enrôlement de soldats français sur le front.
L’Algérie,  elle seule, a fourni 173 000 combattants musulmans, dont 23 000 ont été tués et 76 000 travailleurs ont participé à l’effort de guerre, en remplacement des soldats français partis au front. La contribution totale des trois pays du Maghreb (Algérie, Tunisie, Maroc) s’est élevée à 256 778 soldats, 26 543 tués et 129 368 travailleurs.
L’Afrique noire (Afrique occidentale et Afrique équatoriale) a, pour sa part, offert 164 000 combattants dont 33 320 tués, l’Indochine 43 430 combattants et 1 123 tués), L’île de la Réunion 14 423 combattants et 3 000 tués, Guyane-Antilles (23 000 combattants, 2 037 tués).

L'épopée des tirailleurs sénégalais, une histoire mal connue
Quelque cent cinquante-neuf bataillons de tirailleurs sénégalais, malgaches et somalis ont pris place dans la Grande Guerre en 1914-1918; sur les 161 250 tirailleurs recrutés, 134 000 interviennent sur différents théâtres d’opération. Ces unités sont reconnaissables, entre autres, à la chéchia rouge, empruntée aux tirailleurs algériens.
En marge du quinzième sommet de la francophonie qui a eu lieu à Dakar, en novembre 2014, un colloque international s'est tenu avec pour thème "Les titaileurs sénégalais dans la Grande Guerre et des enjeux géopolitiques en Afrique". L'objectif de la rencontre était de sensibiliser les jeunes francophones au rôle des tirailleurs sénégalais durant la Première Guerre mondiale et de contribuer à la transmission de la mémoire de ces événéments aux jeunes générations qui ignorent souvent tout du sujet ou en ont une vision déformée et constituée d'idées reçues. 

Un siècle après l'événement, cette histoire reste absente des programmes scolaires. Ce qui ne permet pas de cerner la participation des tirailleurs sénégalais dans la Grande Guerre. Le colloque a permis de mettre  en perspective les relations entre la France et les pays d'Afrique subsaharienne qui ont apporté leur concours à la France par le corps des tirailleurs sénégalais, où certains soldats noirs ont subi  des crimes de discrimination raciale,  étaient parfois des "chairs à canon", au vu du bilan des pertes des troupes. 

 


Noël Ndong