Les Dépêches de Brazzaville



Dialogue intergénérationnel : des ministres accrochés par des jeunes


Après avoir présenté sa politique en évoquant le statut de l’économie agricole du Congo et les opportunités qui s’offrent aux jeunes, le ministre de l’Agriculture et l’élevage a été accroché sur le prix de l’œuf sur le marché de Brazzaville. En effet, il a été posé à Rigobert Maboundou la question sur le profit que les Congolais pouvaient tirer des villages agricoles de Nkouo et d’Imvouba dans le département du Pool. Pour les jeunes, le prix de l’œuf est passé du simple au double sinon au triple. « Nous ne sommes pas encore, en matière de marché des œufs et même de poulets de chair produits à Nkouo et à Imvouba, dans une situation d’offre supérieure à la demande. Brazzaville c’est à peu près 14 millions d’œufs par an, Nkouo produit seulement 8 millions. Nous ne sommes pas encore dans la situation de l’équilibre entre l’offre et la demande. C’est pourquoi, nous avons financé des opérateurs privés à Brazzaville et à Pointe-Noire, grâce au Fonds de soutien à l’agriculture », a répondu le ministre.

Selon lui, les villages agricoles profitent bel et bien aux Congolais puisque tous ceux qui y travaillent sont de nationalité congolaise. « En ma qualité de ministre de l’Agriculture et de l’élevage, je ne vous ai jamais dit qu’avec le nouveau village agricole de Nkouo, nous allons saturer la demande. Nous sommes modestes, honnêtes, le jour où j’ai fait mon discours le 8 octobre 2010 à Nkouo, je disais que cela n’était qu’un premier pas, ce n’est pas avec ce seul village que nous allons saturer le marché de Brazzaville », a ajouté le ministre, sans visiblement ne pas convaincre l'auditoire.

« L’éducation doit être un investissement rentable pour l’Etat et pour l’apprenant »

Le ministre de l’Enseignement technique, professionnel, de la formation qualifiante et de l’emploi, Serge Blaise Zoniaba, a, quant lui, présenté sa feuille de route concernant la jeunesse et les dispositifs conçus pour aider les jeunes à trouver l’emploi. Parlant des réformes en  cours au niveau du sous-secteur, le ministre a souligné que l’éducation devrait être un investissement rentable pour l’Etat et pour l’apprenant. Serge Blaise Zoniaba a par exemple, cité la réhabilitation des établissements, la formation des enseignants en activités, la lutte contre les antivaleurs à l’école, l’application stricte des lois et règlements qui régissent le sous-secteur. Il promis que le contrôle sera désormais strict pour des élèves qui vont se présenter aux examens d’Etat. Car, les textes en vigueur seront appliqués. Il a également évoqué la révision des programmes et la mise en place de nouveaux dispositifs de formation. Une fois la réforme achevée, a-t-il précisé, l’école commencera à générer les emplois et le Conseil national de la jeunesse (CNJ) sera prochainement associé dans l’élaboration des nouveaux programmes dans toutes les spécialités.

Les questions des jeunes ont porté, entre autres, sur la disparition de la série H et la corruption qui gangrène le sous-secteur dans l’admission aux concours professionnels et le manque d’une école de formation des enseignants du sous- secteur. Répondant à certaines préoccupations, Serge Blaise Zoniaba a indiqué que la fermeture de la série H est due au manque d’enseignants capables de dispenser ces enseignements. De plus, il n’y avait pas un grand besoin pour ce niveau d’enseignement a poursuivi le ministre. C’est ainsi qu’il a annoncé la réouverture de l’Ecole normale des enseignants de l’enseignement technique, à cause du besoin dans les spécialités. « La corruption qui gangrène le sous-secteur dans l’admission aux concours professionnels, c’est une bataille que nous devons tous mener ensemble. Nous sommes arrivés au point où tricher est perçu comme un acte héroïque », a-t-il martelé.

Y a-t-il eu de la corruption dans l’obtention de la bourse de Cuba ?

De son côté, le ministre de la Santé et de la population, François Ibovi, a  eu la tâche facile,  puisqu’il a bénéficié des questions écrites. Toutefois, les jeunes sont revenus sur les conditions d’obtention de la bourse d’études en médecine à Cuba où 706 étudiants ont été envoyés récemment. Selon eux, certains membres du cabinet du ministre auraient perçu d’énormes sommes d’argent pour la sélection. Ils ont également interpellé le ministre de la Santé sur les mesures prise dans le cadre de la  prévention de la fièvre hémorragique à virus Ebola ; la gratuité de la césarienne et du traitement du paludisme. Concernant les mesures de gratuité, le ministre a indiqué qu’elles ont eu comme impact, une baisse considérable du taux de mortalité infantile. S’agissant des pots de vin que certains candidats auraient versé à ses collaborateurs, François Ibovi a demandé à l'auditoire d'en apporter les preuves. Sinon, il s’agit, a-t-il dit, de simples  spéculations de la rue qui n’ont rien avoir avec la réalité. Il est longuement revenu sur les critères de sélection qui, selon lui ont été faits selon les normes.

Les autres ministres ayant répondu aux questions des jeunes sont Léon Alfred Opimbat des Sports, Emilienne Raoul de la Solidarité et de l’action humanitaire, Martin Aimé Parfait Coussoud-Mavoungou, chargé de la Marine marchande, Pierre Mabiala des Affaires foncières, Alain Akouala Atipault des Zones économiques spéciales et Bruno Jean Richard Itoua de la Recherche scientifique et Anatole Collinet Makosso de la Jeunesse qui a assuré la modération.


Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Les membres du gouvernement ; les conseillers du CNJ-Congo ; crédit photo Adiac