Les Dépêches de Brazzaville



Eau potable : la couverture devrait tripler à Kinshasa


Selon les statistiques de la Banque mondiale (BM), seulement 22 % de la population, soit 11,5 millions d’habitants peuvent accéder effectivement à l'eau sur l’étendue du territoire national. Le dossier brûlant de la consommation de cette denrée à Kinshasa et dans le reste des principales villes du pays suscite de nombreuses réactions d’experts. La capitale doit fournir des efforts importants pour alimenter en eau les deux tiers des familles kinoises. Actuellement, Kinshasa compterait plus de dix millions d’habitants. Il s’agit d’un chiffre qui classe directement la capitale congolaise parmi les grandes mégapoles du continent africain.

L’autre difficulté majeure est le contexte de croissance démographique rapide et d’extension continue et non maîtrisée des limites urbaines de cette ville, note la BM. Cela prouve à suffisance toute la complexité qu’impose la mise en œuvre d’une politique mieux adaptée pour atteindre les niveaux relativement satisfaisants de fourniture en eau.

Le premier constat malheureux est le contraste entre les potentialités en eau et le faible taux d’accès de la population à cette ressource. Déjà en 1999, l’Unicef indiquait que seulement 45 % de la population avait accès à l’eau potable. Dans les années 2003, la capitale congolaise accusait un déficit de 40 % en desserte en eau. Sur le vaste territoire nord de l’ex-province Orientale, 3 % seulement de la population avait effectivement accès à l’eau. Au moins 90 % des sources d’eau à Kindu, la capitale du Maniema, n’étaient pas protégées. Et la liste peut s’étendre à l’infini. Face à ce tableau sombre, il n’est pas étonnant que les autorités congolaises aient décidé finalement d’en faire un des cinq chantiers de la République.

Entre-temps, les privés se montrent de plus en plus enclins à venir en aide au gouvernement central pour faire remonter significativement le taux d’accès. En effet, les initiatives sont nombreuses pour redresser la barre dans la distribution de l’eau à Kinshasa et même sur l’étendue du territoire national. D’ailleurs, le gouvernement central a présenté la problématique de déficit d’eau courante comme un des problèmes majeurs auxquels il fait face.

Avec l’appui financier du Fonds de promotion de l’industrie (FPI) à hauteur de cent quarante mille dollars américains, une nouvelle étape a pu être franchie. Il s’agit d’un projet de mise en place d’une unité mobile de traitement et de distribution d’eau potable pour continuer à améliorer les conditions de vie de la population. Au cours d’une sobre cérémonie de présentation du projet, le 5 août à Kinshasa, son initiateur, la fondation Nkumu-Frey, l'a classé comme une réponse concrète à un problème social sans solution satisfaisante à ce jour. Du côté du FPI, l’on s’est félicité de l’esprit de créativité d’un homme de sciences et chercheur, en l’occurrence Nkumu Fray. Il s’agit d’une forme d’entrepreneuriat social innovant.

Nous y reviendrons.


Laurent Essolomwa