Les Dépêches de Brazzaville



Élections locales : Juste Bernardin Gavet : « 20% de jeunes seront représentés aux élections locales »


Les Dépêches de Brazzaville : quelles sont vos stratégies politiques pour mieux affronter les élections locales en vue ?

Juste Bernardin Gavet : Lorsqu’il y a élection, nos stratégies sont celles du Parti congolais du travail (PCT), car nous sommes une organisation affiliée au PCT. Les candidats de la FMC sont ceux du PCT parce qu’il est établi, dans notre programme d’activités, d’accompagner le principal parti de la majorité présidentielle dans la conquête et l’exercice du pouvoir par la voie démocratique. Naturellement, en tant que jeunes, nous avons un certain nombre de stratégies pour persuader nos amis jeunes de voter pour les candidats du PCT. L’objectif d’une stratégie de campagne est de faire en sorte que la liste de candidats présentée ait un maximum de votants.

  • Au cours de la campagne de structuration de votre formation juvénile, les jeunes élus ont émis le souhait que leur quota soit augmenté sur les listes électorales. Avez-vous obtenu gain de cause ?

J.B.G. : Les jeunes représentent environ 20% sur les 824 candidats que le Pct doit investir sur toute l’étendue du territoire national. Vous comprenez qu’il s’agit d’une forte représentation pour les jeunes. Nous sommes dans un scrutin à liste et donc, toutes les catégories doivent y être représentées. Il faut dire que cette préoccupation n’est que la conséquence du programme d’activités de la FMC. Au-delà, il s’agit simplement de la vision qui est la nôtre, celle de faire la politique autrement. Dans ce combat, nous voulons que le jeune soit représenté dans les sphères de prise de décisions parce que c’est la seule façon de faire entendre sa voix.

  • Nous savons tous que la campagne de structuration de la FMC, amorcée en début d’année, peine encore à suivre son cours dans d’autres départements. Quels sont les problèmes qui bloquent la machine ?

J.B.G. : La structuration d’une organisation est un processus et demande une préparation, car il s’agit de mettre en place des structures intermédiaires et de base. C’est une organisation qui vient d’être créée et le fait de fixer l’âge d’appartenance entre 15 et 35 ans est un verrou. Donc, nous sommes en train de nous construire. Avant de faire la structuration d’un département, il faut avoir une base de militants, mettre en place les structures intermédiaires et de base. Progressivement, nous allons structurer les autres départements que nous avons déjà en ligne de mire. Au niveau du PCT, tout est en train d’être mis en place pour faire que les organisations des femmes et des jeunes soient présentes sur toute l’étendue du territoire national.

 

  • Vous êtes une force de propositions au sein du Parti congolais du travail. Est-ce que les possibilités vous sont données pour jouer ce rôle ?

J.B.G. : Naturellement. Nous avions dit précédemment que les jeunes devaient être représentés dans les sphères de prise de décisions. Ce qui a été fait.  D’ailleurs, ceux qui nous ont récemment accompagnés à Paris ont vu comment nous avons procédé à la mise en place des comités du parti. La prise en compte de la jeunesse a été au centre des préoccupations. Les jeunes ne sont pas là simplement pour acclamer mais pour faire entendre leur voix. Donc nous disons que nous avons les moyens de nous faire entendre parce qu’il y a un certain nombre de choses que nous avons demandé et qui sont en cours de réalisation. C’est tout un processus, nous espérons y arriver au terme de notre mandat.

  • Une année après la création de la FMC, quel bilan faites-vous de cette organisation juvénile ?

J.B.G. : La force montante est dans une démarche républicaine et démocratique. Nous avons un programme d’activités. Pour 2014, la priorité est l’implantation de l’organisation sur toute l’étendue du territoire national. À ce titre, nous avons déjà amorcé le travail et nous avançons progressivement. En dehors de cette priorité, nous menons non seulement des activités d’ordre social, mais également des plaidoyers afin que le jeune prenne toute la place qui lui est réservée dans le processus de prise de décisions. Notre combat est de faire en sorte que demain, qu’il y ait des jeunes au niveau de ces sphères.

  • Il y a un sujet brûlant sujet d’actualité au Congo sur le changement ou la révision de la Constitution du 20 janvier 2002. Sans engager votre organisation politique, quel est votre point de vue ?

J.B.G. : En tant que citoyen congolais, j’exprime ma désolation de voir l’attitude qu’adoptent les acteurs politiques lorsqu’ils abordent les sujets sur la Constitution. La réforme des institutions dans un État n’a rien à avoir avec le combat politique, ni avec l’alternance. Le débat sur la constitution est un débat des institutions. Aujourd’hui, avec un peu de recul, il s’agit de voir si ces institutions fonctionnent normalement. Voilà en réalité sur quoi devait se fonder le débat sur la Constitution. En ce moment-là, je poserais les questions à ceux qui, hier, avaient de bons arguments pour dire que cette constitution était mauvaise. Quelles sont les vertus qu’ils reconnaissent, aujourd'hui, à cette constitution pour dire « Ne touche pas à ma Constitution ». Faire ainsi, c’est personnaliser un débat aussi important, c’est ne pas respecter la liberté d’opinion. À la fin, c’est le peuple qui tranchera. Sur ce débat aussi important, il est faux de penser que ceux qui disent qu’il faut changer ne sont pas des démocrates et que ceux qui disent "Ne touche pas à la Constitution" sont de vrais démocrates. Agir ainsi, on devient extrémiste et non démocratique.

  • Pensez-vous que le moment est opportun pour changer cette Constitution ? Pourquoi maintenant et pas après 2016 ?

J.B.G.: À ceux qui pensent que c’est pour permettre au président actuel de briguer un troisième mandat, je dirai que c’est un procès d’intention. Il ne faut pas confondre réformes institutionnelles et alternance politique. On peut aller à une réforme des institutions sans que cela n’empiète sur l’alternance. Aujourd’hui, rien ne nous dit que le président Denis Sassou N’Guesso sera candidat à sa propre succession en 2016. Il ne s’est jamais prononcé sur la question. Même sur le plan légal, la Constitution ne prescrit aucun délai quant à un changement, à une modification ou à une révision. Sur ce point, dire le temps n’est pas propice est un faux débat parce que nous n’avons en perspective aucune grande bataille. Le président Wade a révisé la constitution de son pays plus de 14 fois et cela ne l’a pas empêché de quitter le pouvoir lorsque le peuple a décidé qu’il ne bénéficiait pas de la légitimité. Donc autant d’exemples qui montrent qu’on peut aller vers une réforme institutionnelle sans pour autant que cela n’empiète sur l’alternance qui devient l’argument d’un certain nombre d’acteurs politiques.


Josiane Mambou Loukoula