Les Dépêches de Brazzaville



Emmanuel Macron : « Le sport en général, et le football en particulier, est un des leviers de notre politique en Afrique et de la réussite du continent africain »


Christian Jeanpierre : Le 21 février dernier, vous avez reçu George Weah, ballon d’or (ndlr : 1995) et président du Liberia. Quel était le sens de cette première visite ?

Emmanuel Macron : Ecoutez, Mister George, comme on dit, a passé une bonne partie de sa carrière en France. Il y a bénéficié d’un cadre, où des gens l’ont recruté, formé et éduqué, Il doit beaucoup à la France, ce qu’il a lui-même reconnu et a voulu l’exprimer en venant à Paris pour son premier voyage officiel hors du continent africain.

Depuis plusieurs années, il poursuivait cette carrière politique pour aider le Liberia, un pays qui a beaucoup souffert. Aujourd’hui, le Liberia, qui n’est pas un pays francophone, a le regard tourné vers la France. Cette histoire commune entre la France et le président Weah va permettre à nos deux pays de renforcer leurs liens.

Le football en Afrique est un formidable levier de développement et de réussite pour le continent. Durant notre entretien, George Weah m’a expliqué que, lorsqu’il partait à la rencontre des enfant-soldats le seul moyen de faire lâcher les armes à ces enfants de 8, 10 ou 12 ans était de leur donner un ballon. Dans des pays comme le Liberia ou la Sierra Leone ; où des milliers de très jeunes enfants ont été endoctrinés pour faire la guerre, le football était et est le meilleur vecteur d’adhésion à un projet collectif. Cette vedette mondiale du football qui devient président, c’est un modèle, un espoir pour cette jeunesse. Dans quelques pays, le football a permis d’installer la paix, c’est un fait.

En novembre dernier, à Ouagadougou, j’ai présenté une stratégie de développement en prise avec la société civile. Le sport est un levier important que j’englobe dans le plan d’investissement dans l’école, qui est ma priorité absolue. Nous voulons agir dans plusieurs disciplines, le foot bien sûr, mais aussi le basket et la boxe afin qu’une partie de la jeunesse se forge un modèle d’émancipation, retrouve de la confiance en elle et partage des valeurs collectives. Nous devons également soutenir l’avènement d’une économie autour du sport, comme c’est le cas sur d’autres continents. Dans ce sens, nous allons financer les infrastructures et les équipements. Par exemple, nous sommes en train de finaliser un accord avec la NBA et l’Agence française pour le développement pour financer des infrastructures. J’irai au Nigeria début juillet pour l’annoncer.

Avec ces stades, les différentes fédérations pourront développer des compétitions, générer des recettes. Donc stabilisation des régions qui en ont besoin, émancipation de la jeunesse et création d’une économie autour du sport, telles sont nos ambitions avec des partenaires institutionnels comme la Fifa et la Fédération française de football, qui est en lien avec de nombreuses fédérations africaines, et des partenaires privés. Le sport en général, et le football en particulier, est un des leviers de notre politique en Afrique et de la réussite du continent africain.


Camille Delourme

Légendes et crédits photo : 

Emmanuel Macron, qui a répondu aux questions de Christian Jeanpierre, est le premier président français à participer à l'émission Téléfoot (présidence de la République)