Les Dépêches de Brazzaville



Enjeux de l’heure : le Pr Elikia Mbokolo menace de se retirer du FCC


Lorsqu’il avait signé le 14 juillet la Charte constitutive du Front commun pour le Congo (FCC), synonyme de son adhésion à cette plate-forme électorale d’obédience présidentielle, le professeur émérite Elikia Mbokolo ne s’imaginait pas l’effet que son acte allait provoquer dans la conscience collective. L’historien s’était mis à dos une frange importante des Congolais qui aiment plutôt le voir œuvrer en dehors des arcanes politiques pour nourrir leurs esprits des analyses objectives, loin de toute pression politique. Nombreux sont ceux qui n’ont pas hésité à exprimer leur déception vis-à-vis de ce grand intellectuel qu’une certaine jeunesse congolaise tient en estime, après son adhésion au FCC. Dans un pays en manque de repères où l'élite a presque vendu son âme pour des besoins de positionnement politique, Elikia Mbokolo représentait ce qu’il y avait encore de mieux. Avec lui, l'intelligentsia nationale avait encore des ressources pour espérer régénérer en plaçant la science au-dessus des appétences matérielles.  

C'est ainsi qu'attaqué dans les réseaux sociaux par certains compatriotes, traité de tous les noms et même de vendu, le professeur a tenu à recadrer les choses dans une récente intervention médiatique en circonscrivant le contexte ayant notamment prévalu à son adhésion au FCC. Ce regroupement politique, dans son entendement, s’inscrit dans la dynamique des activités qu’il a eu à mener, depuis les concertations nationales jusqu’au conclave de la cité de l’Union africaine, lesquelles activités ont visé l’instauration d’une véritable réconciliation de l’ensemble des Congolais. « Réconciliation ne veut pas dire que tout le monde pense la même chose. Mais ça veut dire pour débattre, on débat dans des espaces prévus pour cela », a expliqué le professeur. Et d’ajouter : « Le FCC est un front. Dans le front, on rassemble un certain nombre d’idées qui sont parfois des idées banales. Première idée, par exemple, la base de notre consensus, qu’on ne se fait pas la guerre pour la politique. Deuxième idée, nous devons maintenir le Congo uni. Troisième idée, nous devons amorcer une vraie politique ». L’une des motivations qui l'ont poussé à rejoindre le FCC, a-t-il dit, est la consolidation de l’unité nationale à laquelle renvoie cette plate-forme au-delà des considérations purement politiciennes.   

Toutefois, ce professeur et directeur des études à l'École des hautes études en sciences sociales à Paris demeure dans l’expectative, autant que des milliers des Congolais, quant à la décision de Joseph Kabila à postuler pour un troisième mandat présidentiel. Dans l'hypothèse où le chef de l’État briguait un troisième mandat au mépris de la Constitution et de l'accord de la Saint-Sylvestre, il s’est dit prêt à quitter le navire FCC. « Dans ce cas, beaucoup d’entre nous qui pensons que le deuxième mandat suffit, on sortira de ce front », a-t-il prévenu.          


Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Le Pr Elikia Mbokolo