Les Dépêches de Brazzaville



Enjeux de l’heure : l'opposition en quête de cohésion


Le conclave de l’opposition, tenu du 6 au 11 juillet, a eu le mérite de révéler au grand jour une branche politique qui se met ensemble pour parler de ses problèmes mais qui demeure toujours incapable de parler le même langage sur les véritables enjeux politiques de l’heure. C’est une opposition à trois vitesses qui continue à rechercher sa cohésion interne avec, d’un coté, les partis présents dans les différentes institutions essentiellement le Parlement et, de l'autre côté, ceux dits extraparlementaires et l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) dont le statut reste difficile à cerner.

Cette configuration des forces politiques de l’opposition congolaise est à la base du flou entretenu par les résolutions du conclave qui ont clairement évité, au nom d’une certaine cohésion, de blesser des sensibilités. Il n’est un secret pour personne que la clôture des travaux a laissé les participants dubitatifs quant à la décision liée à la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Aucune mention n’a été réservée à l’attitude à adopter par les membres du bureau de la Céni à la suite du conclave, laissant ainsi croire que la question a été simplement éludée lors des débats faute d’un compromis entre les participants. La logique aurait voulu que des démissions s’en suivent au sein de l’instance dirigeante de la Céni.

Pour des analystes, les résolutions des assises de Kinshasa n’auraient donc été qu’un chapelet de bonnes intentions. L’absence du Mouvement de libération du Congo, deuxième force de l’opposition au sein de l’Assemblée nationale, et le refus du leader de l’UDPS, Étienne Tshisekedi wa Mulumba, de participer à ces assises avait préalablement laissé très peu de chance au succès du conclave. D'où, les membres de l’UDPS qui y ont siégé n’avaient pas tellement qualité et les ambitions ont été revues à la baisse.

L’hétérogénéité qui a caractérisé la messe de l’opposition aura été son pire ennemi. Cela a tout aussi retenu l’attention de la Coalition des patriotes pour la République (CPR) qui, tout en notant comme positif, l’esprit d’union de l’opposition qui a caractérisé la réunion de Kinshasa reconnaît, par ailleurs, qu’il ne s’agit que d’un premier pas dans la bonne direction vers la cohésion interne. Il reste encore du chemin à parcourir avant que l’opposition ne parle véritablement que d’une seule voix alors que sa victoire aux élections en dépend énormément.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’opposition risque de passer, une fois de plus, à coté de l’objectif lors des prochains scrutins. Sans tête de fil, elle ne pourra peut-être que constater son échec et sa désillusion. Il lui faut peu de temps pour se ressaisir lors des prochaines rencontres. La CPR estime à cet effet que l’organisation des états généraux doit préoccuper tous les partis de l’opposition, pour autant qu’ils peuvent être déterminants pour sceller leur cohésion.


Jeannot Kayuba

Légendes et crédits photo : 

Quelques leaders de l'opposition présents au conclave/Photo Serge