Les Dépêches de Brazzaville



Enjeux de l'heure : vers une réforme institutionnelle du secteur judiciaire


D’aucuns ont toujours décrié le fonctionnement de la justice congolaise gangrenée par le clientélisme et la corruption sur fond de politisation à outrance. Le moment est venu de marquer un temps d’arrêt pour analyser froidement les maux qui rongent le secteur de sorte à scruter des voies possibles d’un redécollage. C’est tout le sens à accorder aux états généraux de la Justice qui se sont ouverts depuis le 27 avril à Kinshasa. Un forum qui tombe à point nommé au moment où le secteur judiciaire ploie chaque jour dans les méandres de l’impunité, de l’iniquité et d’autres maux qui avilissent son image. Pendant quatre jours, soit du 27 au 2 mai, les participants procéderont à une véritable introspection de l’appareil judiciaire congolais de sorte à faire des recommandations idoines susceptibles d’améliorer le secteur. L’opportunité de la mise en place des chambres spécialisées mixtes qui doivent juger les crimes de guerre, crimes contre l'humanité et crimes de génocide est une des matières qu’auront à débattre les participants au vu de l'ampleur des crimes graves commis dans le pays.  

Présent à l’ouverture des travaux, le chef de l’État avait dans son mot de circonstance stigmatisé le comportement malsain du corps judiciaire empêtré dans des antivaleurs qui n’honorent nullement la corporation. D’où son credo pour que tous ceux qui œuvrent dans le secteur changent des mentalités et affichent « un comportement exemplaire qui inspire la confiance et le respect des citoyens ». Joseph Kabila a également appuyé l’idée d’une reforme institutionnelle du secteur de la justice. Ce à quoi les experts du domaine réfléchissent d’ores et déjà. « J’ai une conviction profonde qu’en dépit des avancées que nous enregistrons sur le terrain des réformes institutionnelles dans le secteur de la justice, les comptes sont loin d’être faits sur ce qui intéresse les justiciables », a-t-il déclaré. Et le président Joseph Kabila d’ajouter : « L’accès à la justice demeure un impératif majeur afin que chaque citoyen où qu’il soit accède à son juge naturel pour faire valoir ses prétentions ».

En quels termes vont se négocier les réformes attendues ? Difficile de le dire pour l’instant. En tout état de cause, les présentes assises sont d’une grande importance, étant entendu que l’on se rapproche de plus en plus de l’organisation des élections. En cette période électorale, la justice aura à jouer un rôle de premier plan, notamment dans le règlement des contentieux électoraux qui ne manqueront pas de surgir. Ce rôle, la justice aura à l’exercer dans le respect des libertés individuelles garanties par la Constitution mais aussi dans la protection des droits de l'opposition et de la majorité, le tout dans un environnement politique ouvert. Des appréhensions exprimées par Jean-Michel Dumond (ambassadeur de la représentation de l'UE en RDC) qui a, par ailleurs, rassuré sur la disponibilité de son organisation à appuyer l’avènement d’une justice transparente, impartiale, indépendante, efficace et protectrice des droits de l'Homme.

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Alain Diasso