Les Dépêches de Brazzaville



Entretien avec Leandro Calle à l’occasion de la sortie de l’Anthologie de Gabriel Mwènè Okoundji


Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Comment avez-vous eu connaissance de l’œuvre et dans quelles circonstances êtes-vous entré en contact avec Gabriel Mwènè Okoundji ?

L.C. : J’avais lu quelques poèmes de Gabriel, mais c’est pendant le Festival de poésie des Trois Rivières au Canada que j'e l'avais connu. Le voir lire, partager avec lui la poésie, les amis en commun et la lecture, cela a été pour moi une découverte merveilleuse. La poésie nous donne des amis et des frères partout dans le monde. Gabriel est un frère et un ami.

L.D.B. : C’est dans votre pays, l’Argentine, que sont parues vos deux précédentes traductions des recueils du poète. Comment ces publications ont-elles été accueillies tant par les lecteurs que par la critique ?

L.C. : La littérature africaine en général, et particulièrement la littérature du Congo, n’est pas très connue dans mon pays. Il y a peu de choses qu’on peut y trouver dans ce domaine. Les rares œuvres proviennent de la France ou de l’Espagne. C’est pour cela que les traduire c'est nécessaire. Le deuxième livre de Gabriel Mwènè Okoundji : « Mémoires d’Ampili et Pampou », élu pendant le Salon du Livre de Córdoba en 2018, est sorti comme une édition importante. Alors, les deux livres ont été très bien reçus mais ils font le chemin, comme toujours dans la poésie, pas à pas, mais solidement.

Leandro CalleL.D.B. : La Professeure Elisa Bricco, traductrice du poète en italien, nous a confié : « La langue évocatrice de Gabriel Okoundji met le traducteur à rude épreuve. » Partagez-vous cette remarque ?

L.C. : La poésie du Congolais est originale dans tous les sens. C’est quelque chose de profond, qui touche les racines. Il y a vraiment une voix authentique. Quand, comme traducteur, on trouve ça, il y a bien sûr du travail dur mais il y a aussi de la joie profonde.

L.D.B. : Dans ce cas, comment s’est passée la collaboration avec le poète quant aux éventuelles précisions et adaptations du texte dans son passage vers la langue espagnole ?

L.C. : Il faut dire que la langue espagnole, elle-aussi, est complexe. L’espagnol de l’Espagne est une chose et l’espagnol d’Argentine une toute autre chose. Alors les traductions sont parfois différentes.  La traduction est un service. On a beaucoup parlé avec Gabriel : en personne, par portable, par courrier électronique. Il a toujours été disponible. J’aimerais récupérer ce concept annoncé par l’écrivain Sylvain Bemba : la phratrie des écrivains. C’est ça l’important. La traduction permet de partager la poésie qui habite en chacun. Moi, à travers la poésie de Gabriel, j’ai commencé à lire des écrivains congolais, à aimer votre peuple, votre culture tellement riche et merveilleuse.

L.D.B. : Comment s’est passée la collaboration avec le poète quant aux éventuelles précisions et adaptations du texte en espagnol ?

L.C. : Gabriel est un grand nom de la poésie en langue française. Cela aide beaucoup. Cela a été un travail de deux ans, avec des traductions, des propositions et, à l’arrivée, tout s’est bien passé pour une anthologie au final. Pre-Textos est une maison d’édition très professionnelle à cet égard.

L.D.B. : Après ces trois éditions, avez-vous le projet d’autres traductions de textes de poètes africains ?

L.C. : On travaille sur une édition de la poésie complète de Gabriel dans un autre pays d’Amérique Latine. Je viens de recevoir la poésie complète de Tati Loutard. Pour la suite, j’aimerais traduire et faire connaître Tati Loutard et Tchicaya U Tam’si, parmi tant d’autres.


Propos recueillis par Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Photo : Leandro Calle