Les Dépêches de Brazzaville



Foire nationale culturo artisanale : les exposants déplorent le manque d’engouement du public


La foire nationale culturo artisanale a moblisé un nombre important d'exposants, parmi lesquelles Louise Kouka, née Bounsana. Elle y expose des oeuvres d'art faites de fil, du nylon, des lianes, des tissus africains. Ces matériaux lui permettent de fabriquer des pots de fleurs, des boucles, des chemises en tissu africain mélangé avec du raphia ainsi que des pose-assiettes  et des sacs pour femmes. Elle a appris cette technique grâce la formation qu’elle a suivie en Chine, en 2010, suite à une bourse obtenue du ministère de la Promotion de la femme. Mais en dépit de la varieté d'objets exposés, a-t-elle dit, les visiteurs ne viennent qu’au compte-gouttes et la vente ne se fait presque pas. « Nous ne vendons parfois qu’un seul article dans la journée ou rien, ce qui n’est pas bénéfique pour nous. Ce qui intéresse les gens à cette foire, c'est manger et boire. L’art est sans importance pour certaines personnes », a -t-elle déploré.

Louise Bounsana a, en outre, indiqué qu'elle forme gratuitement sur place les jeunes filles, appelant celles qui veulent apprendre sa technique à la rejoindre au Cercle culturel Sony-Labou-Tansi. « Cette formation s’étend jusqu’au début du mois d’août, nous ne demandons pas l’argent nous formons gratuitement », a-t-elle précisé.

Un autre exposant, l'artiste plasticien Christian Régis Matha, a témoigné: « Cette activité est couplée avec la kermesse. Or chez les Congolais, lorsqu’on parle de la kermesse, il y a la boisson et le manger qui sont visés en premier. C’est vraiment un chagrin pour nous, les visiteurs viennent de moins en moins, je dirais même qu' ils ne viennent presque pas ».

L’artiste explore en même temps la sculpture, la peinture et la céramique. Il a appris à l’école des Beaux-arts de Brazzaville et à la cité.  Christian Régis Matha se sert du bois gris, noir, du kambala et de l’iroko pour sculpter ses œuvres. Il associe dans ses oeuvres beaucoup de matériaux, précisément les locaux tels que le raphia, les sacs de jute et le plumes d’oiseaux.  L’artiste s’est spécialisé dans les rites et les traditions africaines.  « Il faut sortir du carcan habituel, des thèmes récurrents qu'on voit tous les jours. On s’est spécialisé dans les rites et les traditions africaines, le Congolais perd un peu ce côté authentique. C’est cette authenticité que nous voulons revaloriser », a-t-il avoué avec fierté.

L’artiste fait aussi de la sculpture de récupération, il ramasse du bois qu’il mélange avec de la colle pour donner une forme quelconque soit aux récipients, soit aux lampadaires.

 Christian Régis Matha forme également :« Nous sommes à l’initiative de création d’une association pour la formation effective pour les jeunes qui peuvent s’intéresser aux arts. Si nous sommes visibles ici, c’est grâce au ministère des Petites et moyennes entreprises avec l’appui de l’Agence nationale de l'artisanat, nous les remercions », a-t-il fait savoir, tout en ajoutant: « Nous avions besoin d’un soutien effectif et permanent de notre ministère. Seul, on n'arrive pas à se mettre dans la lumière. Le salon international de l’artisanat de Burkina Faso est une vitrine pour vendre vraiment l’image de l’artisanat du Congo. Tant que nous n'avions pas l’habitude d’y participer, c’est aussi l’image du Congo qui ne serait pas mise en avant.   Nous ne sommes que des créateurs or cette création ne peut avoir une visibilité effective que si les instances dont nous dépendons nous mettent souvent en exergue par des invitations et voyages ».


Rosalie Bindika

Légendes et crédits photo : 

Photo : Le stand de Mme Kouka Photo : L’espace occupé par Christian Régis Matha