Les Dépêches de Brazzaville



Gestion environnementale et touristique : la tutelle exige le respect scrupuleux de la réglementation


Les questions environnementales, touristiques et de loisirs, a dit Arlette Soudan-Nonault, revêtent un caractère transversal dont la résolution ne peut se limiter à la seule compétence de son ministère. Elles nécessitent, a-t-elle signifié, la conjugaison des efforts de toutes les parties prenantes dont les collectivités locales. C’est dans ce contexte qu'elle a justifié sa visite de travail à Pointe-Noire, pour échanger sur ces sujets.

En effet, la mise en application des politiques en la matière relève de la compétence de l’administration aussi bien décentralisée, déconcentrée que des autres parties prenantes. En cela, la ministre du Tourisme et de l’environnement, Arlette Soudan-Nonault, a échangé avec toutes les parties prenantes sur nombreuses préoccupations, entre autres, la gestion des érosions ; des eaux pluviales ; des déchets, sacs, films et bouteilles en plastique ; des zones mises en défens ; des nuisances sonores... Les études d’impact environnemental et social ; le contrôle et le suivi des installations classées (carrières, magasins …) ; la perception des taxes et redevances en matière d’environnement ont été aussi abordés, sans oublier les aspects liés aux établissements touristiques et de loisirs, notamment les conditions de leur exploitation et les conflits de compétence que cela pose.

S’agissant des érosions et des eaux pluviales, par exemple, la ministre a indiqué que celles-ci sont devenues le lot quotidien des agglomérations, avec pour principales causes la non application des orientations des documents d’urbanisme et d’assainissement d’eaux pluviales (schémas et plan directeur) ; l’absence d’un entretien permanent des installations de la Société nationale de distribution d'eau et de la Société nationale d'électricité ; l’occupation des lits de rivière par les habitations ; etc.  Au Kouilou et à Pointe-Noire, le phénomène d’érosion s’observe dans le quartier Vindoulou et dans la zone côtière (érosion côtière). Arlette Soudan-Nonault a relevé que l’érosion côtière a certes une origine naturelle mais ce phénomène s’est amplifié par l’action anthropique.

Parlant des questions de développement durable, la ministre a indiqué que le Congo a ratifié plusieurs accords multilatéraux afin de concilier le développement économique avec la préservation de l’environnement et le bien-être de la population…. Tous ces engagements suscités ont amené le pays à participer à plusieurs initiatives telles la Commission climat du Bassin du Congo et le Fonds bleu pour le Bassin du Congo ou la REDD+, le projet Fonds vert pour le climat, Adapt Action ou le Projet adaptation aux changements climatiques.

Aujourd’hui, a-t-elle expliqué,  le défi climatique place le développement durable au centre des préoccupations mondiales. Avec la récente découverte des tourbières qui emprisonnent près de trente milliards de tonnes de carbone, le Congo, a déclaré la ministre, est au cœur de la lutte planétaire contre le changement climatique. Ajouter à cela la question des mangroves qui sont également des écosystèmes à haute teneur en carbone et des zones de reproduction des poissons mais qui sont  menacées à Pointe-Noire et dans le Kouilou. Dans l’objectif de rendre cohérente l’action gouvernementale dans le cadre d’un développement durable, le Congo a élaboré la Stratégie nationale de développement durable en 2015. Ce document attend encore d’être adopté par le gouvernement.

Quant aux problèmes de tourisme et des loisirs, la ministre a abordé avec ses interlocuteurs la procédure d’attribution d'autorisation d’exploitation dans ces domaines. Arlette Soudan-Nonault en a profité pour dénoncer la prolifération des machines à sous à Pointe-Noire, à ciel ouvert et à la portée des enfants. Malgré l’opération de saisie de celles-ci en 2016, les promoteurs continuent de les exposer dans divers lieux publics de tous les quartiers (marchés, rues, terrasses de buvettes, …)

L’application des textes pose problème

Les directeurs départementaux ont fait part à la ministre des difficultés qu'ils rencontrent dans l’application des textes, les autorités préfectorales et les mairies ayant pris l’habitude d’établir des autorisations d’ouverture aux établissements du tourisme, de loisirs et de l’environnement. Une situation qui met à mal les directions départementales dans l’exercice de leurs fonctions, notamment lors du suivi des installations classées, du recouvrement des taxes et redevances en matière d’environnement, etc. Certaines de ces tâches, ont-ils fait savoir, sont à leur détriment, réalisées par les collectivités locales.

La gestion de la zone touristique de la côte sauvage a été également évoquée. Revenant de droit à l’administration du tourisme, conformément aux arrêtés du 1er septembre 1966 et du 6 décembre 1966, complétés par les arrêtés du 31 août 1971 et du 30 décembre 1976, celle-ci est gérée par la mairie centrale qui estime qu'elle fait partie du périmètre urbain. De ce fait, elle procède à des installations de tous genres, faisant ainsi fi de la réglementation du tourisme.

Il en est de même dans le domaine des loisirs où il a été constaté que certaines autorisations d’ouverture de débits de boissons, d'établissements de paris sportifs et de kermesses sont délivrées par les autorités locales.

Pour ce faire, des approches de solution ont été envisagées, en ce qui concerne tous ces aspects. La ministre Arlette Soudan-Nonault à inviter les uns et les autres à respecter scrupuleusement la réglementation en vigueur pour éviter tout conflit de compétence.


Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo: Lors de la séance de travail avec les autorités préfectorales, municipales, directeurs départementaux et ONG