Les Dépêches de Brazzaville



Gouvernement de cohésion nationale : les contours se précisent


La longue attente du gouvernement de cohésion nationale, annoncé tambour battant au sortir des concertations nationales, est sur le point de prendre fin. Des indiscrétions recueillies en haut lieu laissent entendre que le nouvel exécutif national serait bientôt publié. Probablement d’ici la fin du mois de novembre, apprend-on. Et pour cause, le chef de l’État aurait pris l’option de ne pas se rendre à Dakar au prochain sommet de la Francophonie sans avoir résolu cette question qui tient en haleine les Congolais depuis plus de huit mois. Dans les milieux concernés, on est convaincu que, cette fois-ci, les pronostics ne seront pas déjoués. Joseph Kabila entend aborder 2015, année électorale en RDC, avec un gouvernement requinqué composé d’hommes et des femmes partageant son idéal de reconstruction du pays.  

Il s’avère que les derniers réglages pour la composition du futur gouvernement auraient été opérés. S’il est quasi acquis que l’actuel Premier ministre, Matata Ponyo, est rassuré d’être reconduit à son poste, il sera toutefois secondé dans la nouvelle configuration par trois vice-Premiers ministres s’occupant chacun des domaines spécifiques, à savoir la politique, l’économie et le social. L’aspect géopolitique aura toutefois pesé dans le choix des animateurs de ces méga ministères devant provenir des provinces du Kasaï occidental, du Bas-Congo et du Bandundu. Là-dessus, des noms sont déjà cités comme virtuels vic- Premiers ministres dont celui de l’actuel secrétaire général du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), Évariste Boshab. Originaire du Kasaï occidental, il est pressenti pour gérer la vice-primature en charge de l’intérieur et de la sécurité. L’on cite également l’opposant Gilbert Kiakwama Kia Kiziki, originaire du Bas-Congo qui pourrait prendre éventuellement la vice-primature en charge de l’Économie.

Mais le dernier secteur relevant du quota de la province de Bandundu, celui du social dévolu au Parti lumumbiste unifié (Palu) manque encore de prétendant sérieux. Le parti d’Antoine Gizenga continue de peser encore dans la famille politique de Joseph Kabila en tant qu’allié fidèle. De quoi lui retourner l’ascenseur en l’octroyant des postes juteux. La majorité sait qu’en composant avec le Palu comme en 2011, les gages du succès électoral sont garantis. Mais dans un parti encore gangrené par des clivages ethniques sur fond de guerre de clans, le consensus est encore loin de se dessiner autour d’une personnalité. Des indiscrétions font état d’un probable retour aux affaires de Godefroid Mayobo, l’ancien directeur de cabinet d’Antoine Gizenga, longtemps mis en réserve. Bien plus, le Palu aurait, d’après des sources, repris le ministère du Budget à défaut d’avoir la primature qu’il convoitait de nouveau. Sabin Mashini et Willy Makiashi, deux cadres du parti jouissant de la totale confiance du patriarche, seraient bien positionnés pour occuper ce fauteuil en remplacement de Daniel Mukoko Samba dont le militantisme serait sujet à caution.

Entre-temps, d’autres indiscrétions laissent entendre qu' Azarias Ruberwa pourrait aussi rentrer aux affaires par la grande porte en s’octroyant un ministère de Souveraineté, sans trop de détails. L’on raconte aussi que Bizima Kahara, l’ancien ministre des Affaires étrangères de Mzee Kabila, serait aussi dans la course. Outre Gilbert Kiakwama, plusieurs opposants sont également cités comme virtuels ministres, prêts à cracher sur la position extrémiste de leurs partis politiques peu enclins à participer au fameux gouvernement de cohésion nationale en gestation. L’on cite entre autres, Germain Kambinga du MLC, mais aussi quelques têtes couronnées de l’opposition dite radicale telles que le Fonus Joseph Olenghankoy. Les prochaines heures nous en diront davantage.  


Alain Diasso