Les Dépêches de Brazzaville



Grève des magistrats : le gouvernement appelé au respect des promesses faites


Dans un communiqué conjoint relatif à la grève des magistrats publié le 12 novembre, des ONG des droits de l’homme de la RDC signataires recommandent au Président de la République, de s’investir personnellement pour garantir l’effectivité du principe de séparation de pouvoirs et d’intervenir en urgence afin que les parties concernées se retrouvent autour d’une table. Ces ONG ont également conseillé que le pouvoir judiciaire bénéficie des mêmes traitements et avantages que les deux autres pouvoirs en vue de permettre aux cours et tribunaux ainsi qu’à leurs parquets de fonctionner normalement.

Ces organisations ont, par contre, exhorté le gouvernement à engager en urgence un dialogue social avec les magistrats grévistes afin de garantir une meilleur administration de la justice, gage de la démocratie et du développement du pays ; de faire respecter l’exercice des libertés publiques notamment de manifestation publique et interdire formellement toute répression policière et à respecter scrupuleusement les engagements de la RDC pris dans le cadre de la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l’homme.

Le Premier président de la Cour suprême de justice et Président du Conseil supérieur de la magistrature a, quant à lui, été appelé à annuler sa décision interdisant les activités syndicales au sein de la magistrature car illégale et à annuler toutes les mesures de suspension frappant les magistrats de siège pour leur participation à la grève. Tandis que le Procureur général de la République a été exhorté à ordonner la libération sans condition de Boniface Umpula et des poursuites contre le Procureur Useni Sefu pour arrestation et détention arbitraire, obstruction à la jouissance des droits fondamentaux reconnus aux particuliers et abus de pouvoir. Il est également appelé à annuler toutes les mesures de suspension frappant les magistrats des parquets pour leur participation à la grève ainsi qu' à enquêter sur les circonstances qui ont entouré la répression violente de la manifestation des magistrats grévistes de Bunia et poursuivre les auteurs et complices de cet acte en justice.

Ces ONG ont, enfin, recommandé aux magistrats de la RDC, de demeurer solidaires et toujours de revendiquer leurs droits lorsqu’ils sont bafoués et de ne pas lâcher tant que le gouvernement n’aura pas répondu à leurs désidératas. On note, par ailleurs, que cette grève des magistrats congolais se radicalise, alors que les grévistes affirment recevoir de plus en plus de menaces. Près de deux semaines après le déclenchement de ce mouvement, plusieurs audiences ne sont pas tenues dans les cours et tribunaux à travers le pays, en dépit des intimidations et des demandes d’explication que les magistrats grévistes reçoivent de la part de leurs supérieurs hiérarchiques à Kinshasa, comme dans des provinces.


Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo: une manifestation des magistrats devant la primature.