Les Dépêches de Brazzaville



Guinée-Bissau : la Cédéao convoque un sommet extraordinaire sur la crise politique dans le pays


A l’issue de la visite intervenue le 3 novembre, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao), dans une déclaration, a réaffirmé sa position sur la crise bissau-guinéenne. L’espace communautaire a notamment indiqué qu’il soutenait le gouvernement d’Aristide Gomes et reprochait le caractère « illégal » du décret présidentiel qui a démis le gouvernement.

A Bissau, la délégation, conduite par le ministre nigérien des Affaires étrangères, Kalla Ankourao, a échangé avec le président José Mario Vaz dans un climat de défiance puisque le chef de l’État parlait quelques jours plus tôt d’une « tutelle internationale », se montrant déterminé à nommer une nouvelle équipe gouvernementale malgré le désaveu de la Cédéao.

« Nous avons rencontré le chef de l’État, qui nous a donné les raisons pour lesquelles il a eu cette réaction, qui tient surtout à des rapports internes entre les deux. Nous lui avons fait comprendre que la légalité doit pouvoir continuer à prévaloir. Il y a un sommet le 8, le chef de l’État sera à Niamey. Les chefs d’État lui donneront la primeur de leur décision finale », a indiqué le chef de la diplomatie nigérienne. La Cédéao a même mis en garde les douze candidats en lice, dont l’actuel président qui continue de défier la communauté internationale, prévenant que tous ceux qui perturberont le processus électoral s’exposeront à des sanctions.

Quelques instants après une déclaration de l’organisation sous-régionale, enjoignant le président bissau-guinéen de reporter la mesure, à trois semaines de la présidentielle du 24 novembre, il a plutôt maintenu le limogeage de son gouvernement. Le même jour dans l’après-midi, il a lancé sa campagne pour la présidentielle à l’est du pays. Et s’exprimant devant ses militants, il a qualifié ses récents décrets d’« irréversibles » et mis en avant son titre de chef suprême des armées.

Elu en 2014, José Mario Vaz avait limogé, le 28 octobre, le Premier ministre, Aristides Gomes, et son gouvernement, avant de nommer le lendemain Faustino Imbali, nouveau chef de gouvernement avec une équipe de dix-sept ministres et quatorze secrétaires d’Etat.

Le 1er novembre, le Conseil de sécurité de l’ONU avait appelé au respect de la date de la présidentielle en Guinée-Bissau, en rejetant le changement de gouvernement décidé par son président. La Cédéao, l’Union africaine et l’Union européenne avaient également déjà désavoué le président José Mario Vaz, même si ce dernier a assuré que la présidentielle aurait bien lieu le 24 novembre, avec un éventuel second tour le 29 décembre.

La Guinée-Bissau est une ancienne colonie portugaise, devenue indépendante en 1974, après une lutte de onze ans. Depuis lors, elle a connu quatre putschs, seize tentatives de coup d’Etat et une valse de gouvernements.

 

 

 


Nestor N'Gampoula