Les Dépêches de Brazzaville



Héritier Bilaka : « La peinture est pour moi un voyage en esprit »


Les Dépêches du Bassin du Congo : Que représente la peinture pour vous ?

Héritier Bilaka : C’est mon meilleur moyen de dire des choses que je ne suis pas capable de dire par ma bouche. C’est aussi pour moi un voyage en esprit.

L.D.B.C: Qu’est- ce qui vous a amené dans la peinture ?

H.B: Le désir de vouloir dire ma pensée à travers des images et les couleurs. J’ai toujours eu du mal à me faire comprendre par des mots.

L.D.B.C: De quel courant êtes-vous, impressionniste ou cubiste ?

H.B: Je ne crois pas que ce soit à moi de m’identifier dans un courant artistique. Je ne sais pas si je peins la réalité où l’au-delà du réel. Ce que je sais c’est que quand je peins, j’ai l’impression de planer. Mon pinceau et mes couleurs sont les traces de mon parcours.

L.D.B.C: Sur quoi vous inspirez vous lorsque vous peignez vos tableaux ?

H.B: Je m’inspire de la faune : les oiseaux, l’okapi, l’éléphant;  de la flore : les fleurs et les feuilles de Malebo; de la femme par ses courbes et sa douceur. La femme est pour moi une sorte d’encyclopédie. Je suis également attiré par les mystères, le monde des esprits et le rôle des hommes dans l’univers.

L.D.B.C: Vos débuts ont –ils été faciles dans ce métier ?  

H.B: Ma première réalisation picturale était en salle de classe à l’Académie des beaux-arts à Kinshasa. C’était une catastrophe parce que j’utilisais pour la première fois de la peinture à huile. J’ai dû aller pendant plusieurs mois dans la bibliothèque de l’Académie pour lire des livres des techniques de peinture, l’histoire de l’art, ainsi que les grands maîtres de la peinture. En quelques mois, j’avais fait un grand pas

L.D.B.C: Quelles sont vos icônes dans le domaine ?

H.B: Le maître de la peinture dite populaire Cheri-cherin, maître Claudy Khan et Gustave Klimt

L.D.B.C: La peinture a-t-elle changé votre vie ?

H.B: Absolument. Elle m’a sauvé de beaucoup de chose. J’ai connu des moments très difficiles pour lesquelles j’ai failli commettre l’irréparable.

L.D.B.C: Quelle différence faites-vous entre exercer en Afrique et pratiquer cet art ailleurs ?

H.B: La vie d’un artiste non connu n’a jamais été facile. Ça demande du temps et de la détermination. Mais c’est un peu mieux en Europe parce que la majeure partie de la population a l’éducation de l’art. Ils savent l'apprécier à sa juste valeur contrairement en Afrique où il y’a moins d’opportunité en plus du pouvoir d’achat qui est généralement un grand problème dans ce secteur

L.D.B.C : Des projets ?

H.B: Oui, quelques expositions à venir cette année et l’an prochain si Dieu fait grâce. Pour l’heure, je nous encourage tous à respecter les consignes sanitaires issues du Covid-19. Ma seule manière de contribuer à ce moment fatidique, c’est de passer les messages d’éveil à travers mes tableaux. Pour ceux qui regardent mes travaux, qu’ils observent bien qu’il y aussi de la pédagogie.


Propos recueillis par Divine Ongagna

Légendes et crédits photo : 

Héritier Bilaka