Les Dépêches de Brazzaville



Hydrocarbures : la RDC souhaiterait vendre les blocs de pétrole appartenant à Dan Gertler


Le gouvernement congolais, fait savoir Bloomberg, envisage de reprendre deux blocs de pétrole appartenant à Dan Gertler et situés à la frontière avec l'Ouganda, afin de les revendre à l'entreprise Tullow Oil PlC. Les blocs, déclare l'agence, contiennent environ trois milliards de barils de pétrole en place, selon la page Web 2017 du Groupe Fleurette, appartenant à Dan Gertler. « Le gouvernement congolais a discuté avec Tullow Oil Plc de l’achat d’une participation dans les permis du lac Albert le long de la frontière du pays avec l’Ouganda, ont déclaré quatre personnes au courant des discussions. Total SA et Eni SPA ont également manifesté un certain intérêt, ont indiqué deux personnes », annonce Bloomberg.

Négociations complexes

Les accords de partage de la production du Congo pour les blocs pétroliers 1 et 2, informe l'agence, sont conclus avec deux des sociétés de Dan Gertler, Caprikat Ltd. et Foxwhelp Ltd. Toutes les deux, rappelle-t-on, sont sanctionnées, tout comme la société qui les gère, Oil of DR Congo. En mai, le ministère congolais du Pétrole a prolongé les droits sur les permis jusqu'en juin 2021.

Pour démarrer le processus de transfert, souligne Bloomberg, la compagnie pétrolière publique Sonahydroc reprendrait d'abord la participation de 15% du gouvernement congolais dans chacun des deux blocs, selon deux sources de l'agence et une lettre consultée par Bloomberg, qui avait été envoyée en août par l'ancien ministre du Pétrole par intérim, John Kwet Mwan Kwet , au président congolais, Felix Tshisekedi. Les sociétés de Dan Gertler céderaient alors entièrement leur participation de 85% dans les blocs à Sonahydroc.

Par la suite, explique-t-on, un nouveau partenaire prendrait alors ces 85% des parts dans les blocs, créant une joint-venture avec Sonahydroc. Cet accord avec la compagnie pétrolière d'État pourrait permettre au Congo d'éviter un processus d'appel d'offres ouvert, qui serait nécessaire si les permis revenaient pleinement à l'État, a déclaré l'une des sources de Bloomberg. Le Congo a mis en place un comité de suivi pour gérer «la complexité des négociations», selon la lettre consultée par l'agence.

Sonahydroc, estime Bloomberg, a refusé de commenter, tandis que le ministère congolais du Pétrole n'a pas répondu aux demandes de commentaires de l'agence. En outre, apprend-on, Total n'a pas répondu aux demandes de commentaires, Tullow a refusé de commenter et Eni a déclaré dans un communiqué envoyé par e-mail qu'il n'était pas intéressé par les blocs.

Paiement de compensation

La société Oil of DRCongo de Dan Gertler, fait savoir Bloomberg, a déclaré par e-mail avoir dépensé 150 millions d'euros (167 millions de dollars) pour explorer et développer les blocs. « La lettre du ministère du Pétrole a donné un chiffre inférieur de 135 millions de dollars, tandis qu'une version archivée du site Web du groupe Fleurette de Gertler de 2017 a déclaré qu'ils n'avaient dépensé que 100 millions de dollars ».

Si la transaction proposée était réalisée, la société de Dan Gertler pourrait recevoir une compensation pouvant atteindre 150 millions de dollars, ont affirmé deux sources de l'agence. "Oil of DR Congo est prêt à écouter positivement les propositions de partenaires potentiels à condition qu'ils aient la capacité, l'expérience et l'intention d'investir en RDC sans hésitation ni question", a dit la société par e-mail, selon Bloomberg.

Néanmoins, selon les deux sources de Bloomberg, tout accord serait difficile parce que Dan Gertler est soumis à des sanctions américaines. Le gouvernement américain a accusé le milliardaire israélien en 2017 d'avoir amassé une fortune grâce à «des transactions minières et pétrolières opaques et corrompues en République démocratique du Congo» et d'avoir utilisé «son étroite amitié avec le président de la RDC, Joseph Kabila, pour servir d'intermédiaire pour les ventes d'actifs miniers. ». Mais Gertler a nié à plusieurs reprises toutes ces accusations.

Tullow, rappelle Bloomberg, a commencé à forer du côté ougandais en 2006 et y a découvert environ 1,7 milliard de barils de ressources pétrolières contingentes. La société, basée à Londres, a signé un accord de partage de production pour les deux blocs au Congo en 2006, mais n'a jamais reçu l'autorisation de l'ancien président Kabila. Ce dernier, rappelle Bloomberg, a accordé les licences à Caprikat et Foxwhelp en 2010, incitant Tullow à engager une action en justice, qui a ensuite été retirée. En outre, explique Bloomberg, les blocs pourraient convenir naturellement à Tullow et Total, qui partagent déjà des droits sur les zones adjacentes du côté ougandais du lac où plus d'un milliard de barils de pétrole ont été découverts.

 

 


Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

Une tour d'exploration pétrolière sur la rive du lac Albert Photo Walter Astrada / AFP via Getty Images