Les Dépêches de Brazzaville



Initiative mondiale sur les tourbières : la réunion des experts s’ouvre à Brazzaville


Co-organisées par les deux Congo ainsi que l’ONU-Environnement, sous la coordination de l’initiative mondiale sur les tourbières, les assises de Brazzaville se tiennent sur le thème « Valoriser les tourbières pour la population et la planète ». Elles réunissent les experts venus des pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), de l’Indonésie et du Pérou.

Durant deux jours, ces experts échangeront sur les connaissances techniques, les outils et approches pour la surveillance des tourbières ; les facteurs contribuant à la dégradation des tourbières ; l’interrelation entre l’hydrologie, les forêts et les sols dans les zones couvertes par les tourbières ; l’évaluation des stocks de carbone et scénarios futurs résultant du développement industriel (agro-industrie, exploitation minière et pétrolière) ; la gestion des feux dans les tourbières : outils, technologies et approches ; l’état des lieux de la conservation et gestion durable des tourbières de la Cuvette centrale; la présentation de la biodiversité de la Cuvette centrale et des espèces inféodées à cet écosystème, ainsi que des espèces commerciales à fort potentiel pour l’amélioration de la qualité de vie de la population locale.  

Dans son allocution, le secrétaire exécutif adjoint de la Commission des forêts d’Afrique centrale (Comifac), Gervais Ludovic Itsoua Madzous, a indiqué que la découverte des tourbières dans les forêts du Bassin du Congo ne peut malheureusement pas laisser les autorités indifférentes et devrait, entre autres, amener à changer le paradigme, car l’implication des tourbières dans le cycle mondial du carbone et leurs incidences sur les climats mondiaux interpellent à plus d’un titre.

Cette approche a amené les deux Congo à créer le paysage Lac Tumba- Lac Télé, pour lequel un accord de coopération a été signé entre les deux gouvernements relatif à la gestion transfrontalière dudit paysage et où des cadres de gestion ont été définis. Le conseil des ministres de la Comifac reste le dernier organe de recours pour cette coopération.

Le ministre de l’Environnement et du développement durable de la RDC, le Dr Amy Ambatobe Nyongolo, a, dans son mot de bienvenue, déclaré que les zones humides souvent décrites comme « réservoirs biologiques », en raison de la diversité des espèces qu’elles abritent, comptent parmi les écosystèmes les plus importants de la terre, au regard à la fois de l’abondance des formes de vie qu’elles contiennent et de leur apport dans la régulation du climat mondial.

« A la lumière des exposés qui seront tenus par des experts, je vous exhorte, non seulement pour le compte de nos pays respectifs, mais aussi dans le cadre de la gestion globale des tourbières du Bassin du Congo, à identifier les synergies, ainsi que les options à lever, en termes de stratégies et de politiques », a déclaré le Dr Amy Ambatobe Nyongolo.

Définir une voie de développement durable pour les tourbières du Bassin du Congo

Ouvrant les travaux du segment technique, la ministre  congolaise du Tourisme et de l’environnement, Arlette Soudan-Nonault, a déclaré que les assises de Brazzaville revêtent une grande importance, non seulement pour le Congo, mais également pour la population et la planète entière, comme l’indique le thème des travaux.

Cette importance tient au fait que ces assises sont consécutives aux grands évènements mondiaux sur la lutte contre les changements climatiques, en lien avec le développement économique, l’émergence de l’économie bleue et l’économie verte. Ces événements sont : la COP23 et One Planet Summit organisés à la fin de l’année 2017 à Bonn, en Allemagne, et à Paris, en France ; le 1er sommet fondateur de l’alliance solaire internationale organisé, le 11 mars 2018, à New Delhi, en Inde.

« Notre planète subit aujourd’hui les effets néfastes du changement climatique, devenu l’un des défis environnementaux les plus importants auxquels est confronté notre temps. Plusieurs efforts croissants sont déployés et des initiatives encouragées pour la réduction des émissions des gaz à effet de serre, notamment le CO2. On peut citer l’Accord de Paris et la Déclaration de Marrakech adoptés en novembre 2016, en marge de la COP23, lors du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement africains organisé à l’initiative de Sa Majesté Mohamed VI, roi du Maroc », a-t-elle indiqué.

Il en est ainsi des tourbières, en général, et de celles du Lac Télé, au Congo, et Lac Tumba, en RDC, en particulier, dont les travaux scientifiques viennent de révéler qu’elles retiennent trente milliards de tonnes de carbone, et le rejet dans l’atmosphère, suite à la déforestation, constituerait une atteinte dramatique à l’Accord de Paris et à la Déclaration de Marrakech.

Cette conférence sera aussi l’occasion d’échanger sur les leçons apprises des uns des autres en matière de conservation, de gestion durable et de restauration des tourbières, ce qui permettra de définir ensemble une voie de développement durable, ambitieuse et innovante pour les tourbières du Bassin du Congo.

La cérémonie a été agrémentée par le théâtre de l’environnement, dans une représentation intitulée « Le cri de la forêt ». Notons que l’ouverture du segment ministériel de haut niveau de la troisième réunion des partenaires de l’initiative mondiale sur les tourbières, aura lieu ce 22 mars, sous le patronage du Premier ministre, chef du gouvernement, Clément Mouamba, en compagnie de son homologue de la RDC, Bruno Tshibala.


Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Pendant le segment des experts (crédit photo Chrislawilla) Photo 2 : Les ministres des deux Congo posant avec leurs hôtes de marque (crédit photo Chrislawilla)