Les Dépêches de Brazzaville



Jeux de la Francophonie : le choix de la clandestinité n'est pas une solution pour les athlètes, selon Léon-Alfred Opimbat


Les Dépêches de Brazzaville : Monsieur le ministre, les Diablotins viennent de se qualifier, face au Sénégal, pour la finale de ces Jeux de la Francophonie 2013 et vont défendre leur titre…
Léon-Alfred Opimbat : Le Congo est en finale, et c’est un vrai motif de satisfaction. Il y a de quoi être fier des jeunes qui se sont bien battus pour en arriver-là, et je suis convaincu qu’ils s’imposeront dimanche face au Maroc. Je voudrais rappeler l'image employée par le président de la République concernant la relance de notre football : nous étions au pied de la montagne, et il nous fallait gravir progressivement la montagne pour atteindre les sommets. Le parcours des jeunes ici à Nice, comme la qualification pour le Chan 2014 ou le parcours de l’AC Léopards, confirment que nous gravissons, étape par étape, les marches. Nous voulions que nos équipes progressent et redeviennent « africaines » et à l’exception de l’équipe première, c’est le cas.

LDB : Un sujet délicat désormais, monsieur le ministre, avec la fuite supposée de deux athlètes (Lorène Bazolo et Cissé Bassoumba). En cas de confirmation, ces fuites ne risquent-elles pas de fragiliser les autorités congolaises, qui étaient parvenues à faire infléchir la position française dans l’affaire des visas ?
LAO :
Effectivement, si cette situation est confirmée, cela fera du mal au Congo, mais également aux artistes et athlètes congolais. Pour pouvoir participer aux Jeux de la Francophonie, le Congo a pris des engagements au plus haut niveau, puisque le président de la République a fait affréter un vol spécial pour amener la délégation ici. Cette information est pour l’instant à mettre au conditionnel, mais c’est un problème réel qui ne concerne malheureusement pas que le Congo. Mais c’est surtout et avant tout un drame humain, car les sportifs africains qui fuient de cette façon doivent savoir qu’ils n’ont pas d’avenir sportif. Comme ils sont dans l’illégalité, ils ne peuvent pas trouver de club. Je crois qu’il est bon de rappeler aux athlètes que le choix de la clandestinité n’est pas une solution.

LDB : C’est pourtant assez courant, avec des précédents comme le Mondial de handball féminin en 2007 ou les Diables rouges cadets à Auxerre en 2011…
LAO :
Ce n’est pas non plus systématique. Nous avons emmené les Diables rouges cadets au tournoi de Viareggio, en Italie, sans aucun souci. Car les jeunes avaient compris que nous leur offrions une belle vitrine pour se montrer, pour briller et, pourquoi-pas, être détecté. Même ce soir, dans la tribune, il y avait un certain nombre d’agents pour suivre ce match. Mais si ça ne donne rien, il ne faut pas que les jeunes se laissent tenter par la voie clandestine. Il faut qu’ils se posent la question suivante : combien d’athlètes congolais venus dans ces conditions ont percé ? Très, très peu. C’est un travail pédagogique de longue haleine, qui ne concerne pas uniquement le sport, mais il faut parvenir à désacraliser ce « rêve européen ».

LDB : Pour finir, monsieur le ministre, un mot sur l’élimination des Diables rouges à Niamey. Quelles seront les conséquences pour la Société congolaise de promotion du sport (SCPS) ?
LAO : Je vais vous répondre par une image, tirée de la sagesse congolaise : lorsque l’on est en forêt, que l’on s’engage sur un sentier et que l’on n’arrive pas à l’endroit que l’on visait, il faut revenir au carrefour. Nous avons collaboré pendant deux ans avec la SCPS, avec du bon et du moins bon, puisque l’objectif initial n’a pas été atteint. Je crois qu’il faut prendre le temps de faire le point avant de voir quelle suite donner à cette collaboration. Mais c’est vrai qu’il y a de la frustration et de l’amertume de ne pas être au tour de barrage, après avoir fait longtemps la course en tête. Mais n’oublions pas non plus que nous arrivons deuxièmes d’un groupe dominé par le vice-champion d’Afrique 2013, le Burkina, et que les Diables rouges devancent le Gabon et le Niger, deux équipes qui étaient présentes à la CAN 2013. Donc tout n’est pas à jeter, mais je le répète, il est temps de revenir au carrefour afin de s’orienter vers la bonne direction.


Camille Delourme

Légendes et crédits photo : 

Photo : Les Diablotins ont pu compter sur le soutien de deux ministres face au Sénégal, Léon-Alfred Opimbat et Anatole Collinet Makosso, respectivement en charge des Sports et de l'Éducation physique et de la Jeunesse et de l'Éducation civique. (© DR)