Les Dépêches de Brazzaville



Kasaï : le HCR « profondément préoccupé » par la poursuite des déplacements des civils


Le haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) s’est dit profondément préoccupé par la poursuite des violences et des déplacements de civils dans la région du Kasaï, en RDC.

L’institution onusienne a noté que ce conflit qui sévit dans cette partie de la RDC depuis 2016 prend une plus grande ampleur. Elle estime à plus de 1,3 million le nombre de personnes déplacées dans cette région. À en croire le HCR, lors de récentes missions effectuées au Kwilu et au Lualaba, deux provinces limitrophes du Kasaï, son équipe a rencontré de nouveaux déplacés récemment arrivés dans un état extrêmement vulnérable. « Beaucoup ont déclaré qu’ils ont passé des semaines à fuir dans la forêt dense sans nourriture, eau, médicaments ou vêtements et qu'ils ont vu des gens mourir sur le chemin, y compris des femmes et des enfants », a déclaré un porte-parole du HCR, William Spindler, dans un point de presse tenu le  14 juillet à Genève.

Selon cette institution, des civils blessés ou mutilés par des coups de machette et par balle font partie des nouveaux déplacés arrivés dans un état de grande vulnérabilité. « Beaucoup de nouveaux arrivants montrent des signes de traumatismes profonds après avoir vécu ou été témoins d’atrocités, dans une situation où aucun soutien psychosocial n’est disponible », a précisé ce personnel du HCR.

Renforcement de dispositifs

Pour faire face à ces déplacements en cours et des besoins croissants, le HCR affirme renforcer sa réponse sur le terrain. L’institution s’appuie, a-t-elle rassuré, sur son leadership en matière de protection et aux interventions opérationnelles. « Nous travaillons étroitement avec des organisations partenaires nationales dans cinq provinces touchées par le déplacement, avec plus de 267 000 repas chauds distribués tous les jours », a indiqué William Spindler, qui a noté que le HCR commencera également, dans les tout prochains jours, à une première distribution d’articles ménagers de première nécessité à environ 20 000 personnes vulnérables dans la province de Lualaba. L’octroi d’une aide et d’une protection aux personnes déplacées à l’intérieur du pays, a souligné le porte-parole du HCR, est un énorme défi, compte tenu de la taille de la zone touchée.

Ce conflit, qui a commencé en 2016 entre un chef traditionnel local - Kamuina Nsapu - et les autorités de l’État, prend, selon le HCR, une ampleur inquiétante avec l’apparition d’autres groupes armés qui commettent de graves atteintes aux droits de l’Homme contre des civils. Le HCR a noté que les risques d’abus et d’exploitation sexuels rendent la situation particulièrement inquiétante. À l’en croire, beaucoup d’enfants et de femmes ont fui par eux-mêmes et que certains mineurs non accompagnés ne disposent pas d’un régime de prise en charge approprié. « La majorité des personnes déplacées sont hébergées par les communautés d'accueil, malgré les ressources limitées. Beaucoup vivent également dans des bâtiments abandonnés, des cliniques, des écoles ou des mosquées », a précisé le porte-parole du HCR, qui a également souligné que beaucoup de parents étaient inquiets de l’arrêt de la scolarisation de leurs enfants.


Lucien Dianzenza