Les Dépêches de Brazzaville



Le feuilleton de Brazzaville. Acte 20. Bien coiffé…


Comme quoi, Brazzavillois veut aussi dire bien habillé, bien coiffé, bien parfumé.

Les Sapeurs, amoureux des couleurs et de la bonne humeur, abondent dans cette façon de penser Brazzaville comme une ville où tout le monde est beau. Les abords des rues transformées en lieux d’escapade sont abonnés aux grillades parfois fortement épicées et salées pour, disent les irréductibles, endormir l’alcool. Ils en ingurgitent des barils ! C’est amusant.

Les Brazzavillois sont des gens attentifs à la moindre voiture qui passe, comme s’ils s’étaient donné le pari d’évaluer sur les doigts de la main le nombre de celles qui s’entassent dans les rues poussiéreuses de la ville. Ils se demandent combien la capitale de leur pays dispose de voitures dernier cri, feignant de savoir, informés qu’ils sont sans borne, à qui appartiendrait la dernière série de Toyota Land cruiser VX, la dernière livraison de Peugeot 790, de l’AML 900, du Hummer, de la G500 sièges cuir et daim, de la belle Cayenne grise.

Ils savent tout de la voiture de la troisième épouse, de l’oncle, du père, du grand frère, du chef d’antenne de la société X, à celle allouée à la toute dernière « prise » du patron de l’entreprise Y ou Z. Adeptes du songui-songui, les habitants de la ville fondée par Pierre Savorgnan de Brazza sont des songueurs… Comprenez, des diffamateurs !


Jean Ayiya