Les Dépêches de Brazzaville




Le saviez-vous ? Mourir de rire, c’est possible…


Si l’expression « mort de rire » - mdr - est devenue avec l’explosion de l’internet notamment, de culture et de référence commune et anodine, il faut savoir qu'il est effectivement possible de mourir de trop rire. Le plus ancien cas rapporté de cette insolite cause de décès remonte à la Grèce ancienne.

C’est, en effet, à un rire trop long et appuyé que l’on impute la mort, au cours du IIIe siècle avant Jésus-Christ, de Chrysippus, un philosophe grec et paradoxalement stoïcien, qui fit boire du vin à son singe domestique, et s’écroula de rire au sens propre comme au figuré en le regardant essayer, complètement ivre, d’attraper des figues pour les manger. L’auteur grec, quant à lui poète, Philemon (362, 262), serait aussi mort d'une crise de fou rire ironiquement provoquée par une de ses propres blagues.

Bien plus tard, en 1410, c’est le roi Martin d’Aragon qui s’étouffa d’une double crise, de rire incontrôlable, mêlée à une indigestion. Le poète italien, Pietro Aretino, mourut également de façon semblable en 1556, par suffocation résultant d'une crise de rire impossible à arrêter, sauf, bien entendu, par décès. L'aristocrate et polymathe écossais, Thomas Urquhart, s'éteignit pour sa part en 1660 en riant d’apprendre l'obtention du trône d'Angleterre par Charles II. La médecine moderne a relevé avec davantage de précisions, chez de joyeux mais malchanceux anonymes, ces étranges cas de décès par trop plein de joie.

En 1989, Ole Bentsen, audiologiste danois, est victime d’un arrêt cardiaque provoqué par le film « Un poisson nommé Wanda », dont il n’a alors même pas vu la fin. Les experts penchés sur son cas ont estimé que son cœur avait pu accélérer son rythme, à force de trop rire, jusqu'à 250 à 500 battements/minutes.

En 2003, Damnoem Saen-um, un vendeur de glace Thaïlandais, 52 ans, devait faire un rêve particulièrement fendard lorsqu’en pleine nuit et en plein sommeil, aux dires de sa femme, il se mit à rire très fort en continu pendant deux minutes avant de succomber (probablement par asphyxie ou arrêt cardiaque), sans que sa compagne, pendant la crise, ne réussisse à le réveiller.

Le rire tue ?

Ce n’est jamais exactement le rire qui tue mais les pathologies qui peuvent résulter d’un rire aux éclats ou d’une crise trop intense. En temps normal, le rire est une bénédiction : après une courte augmentation du rythme cardiaque et du rythme respiratoire, le cœur ralentit et prend un rythme plus bas que d’ordinaire, la respiration est facilitée avec l’ouverture des bronches et la pression artérielle diminue. Pour faire simple, un bon rire déstresse à fond, au point que des thérapies fondées sur le rire sont nées au fil du temps. Mais, sur le coup, un éclat de rire peut-être très violent, comme n’importe quelle émotion forte (le rire est souvent - pas systématiquement - le signe d’une émotion joyeuse intense).

Un éclat trop appuyé peut entraîner une atonie (perte de tonus musculaire/malaise et généralement chute) voire une syncope (atonie avec perte de conscience). Une crise de rire peut amener le gai luron à des phases apnéiques incontrôlables ou des difficultés respiratoires notables et éventuellement la mort par asphyxie.

 

Jade Ida Kabat