Les Dépêches de Brazzaville



Le Vatican se réjouit de la libération des missionnaires au Cameroun


C’est une joie compréhensible qui a touché le Vatican et l’Italie dimanche lorsqu’a été rendue publique la nouvelle de la libération des trois missionnaires catholiques qui avaient été enlevés par Boko Haram au nord-Cameroun début avril. Les deux prêtres italiens Gianantonio Allegri et Giampaolo Marta et la religieuse canadienne Sœur Gilberte Bussier ont recouvré la liberté au bout de négociations secrètes avec la secte islamiste qui les détenait depuis le 4 avril. Des négociations qui impliquent vraisemblablement le paiement, par le Cameroun, d’une rançon. Ou, à tout le moins, la libération d’activistes islamistes en échange.

Toujours est-il que la nouvelle a réjoui grand monde en Italie, à commencer par le Vatican. Le père Federico Lombardi, porte-parole du pape, a indiqué que celui-ci, « qui a suivi ces événements dramatiques depuis le début, a immédiatement été averti ». La nouvelle a également réjoui un autre haut-prélat catholique. Collaborateur direct du pape chargé à la curie romaine de l’évangélisation des peuples, le cardinal italien Fernando Filoni était – pur hasard du calendrier sans doute – en visite au Cameroun lorsque les missionnaires catholiques ont été libérés.

« Rendons grâce à Dieu pour ce moment de joie qu’Il a donné à l’Église au Cameroun et à l’Église de provenance, tant des deux prêtres que de la religieuse », a-t-il déclaré à Yaoundé aussitôt après avoir rencontré les otages. « Je les ai trouvés émus et contents et je dois dire dans de bonnes conditions physiques et psychologiques. Le fait qu’ils aient été toujours ensemble les a certainement aidés à se soutenir les uns les autres », a affirmé le cardinal. « C’était un moment attendu mais dans le même temps inattendu. Nous n’avions pas eu vent d’une possible libération ces jours-ci même si l’on travaillait dans ce sens. Il s’est agi d’une agréable surprise et surtout d’une grâce », a soutenu le haut-prélat.

La nouvelle a également été joyeusement commentée au gouvernement italien. La ministre des Affaires étrangères, Federico Mogherini, a indiqué : « C'est un moment de grande joie. Je remercie les autorités camerounaises et le président Paul Biya, et le gouvernement canadien avec lequel nous avons étroitement collaboré ». Elle a fait part « d’une opération habilement menée ». Langage diplomatique qui peut revêtir de nombreuses subtilités qui n’ont pas empêché la région d’origine des deux Italiens, la Vénétie, de pavoiser littéralement. Son président appelait la semaine dernière le gouvernement italien à ne pas se fier aux seules prières des catholiques pour obtenir ce résultat.

« Aujourd’hui, c’est toute la communauté vénitienne qui salue avec une grande satisfaction la libération des deux missionnaires vénitiens et de la sœur canadienne au Cameroun. Je suis vraiment heureux pour ces personnes, pour leur grande générosité, leur foi et leur courage. Je suis heureux que soit enfin terminées leur captivité et leur souffrance », a déclaré Luca Zaia, le président de la région de Vénétie. Il a annoncé une fête citoyenne dans la semaine alors que les ex-otages italiens étaient attendus dans la péninsule mardi.

Mais le Vatican a tout de même voulu rappeler que pour trois missionnaires libérés, il restait encore de trop nombreuses personnes aux mains de ravisseurs animés par les intentions les plus diverses. C’est pourquoi le père Lombardi a indiqué dimanche : « Nous pensons à toutes les autres innocentes personnes qui restent victimes de kidnappings inacceptables dans diverses régions de conflits ». Il n’a pas cité ce nom mais la pensée de tous se porte vers les 200 adolescentes nigérianes que Boko Haram détient quelque part au Nigéria et pour lesquelles la mobilisation mondiale, y compris celle des forces armées camerounaises au nord du pays, n’a pas encore débouché sur une libération qui serait synonyme de grand soulagement pour les familles dans l’angoisse.


Lucien Mpama