Les Dépêches de Brazzaville



Les immortelles chansons d’Afrique : « Kimbanda Sida » de Bruno Houla


Avec cette chanson susurrée sur fond de groove rumba, l’artiste va entraîner tous les couples sur les pistes de danse. Cette mélopée a battu les records des disques demandés sur les ondes de la radio Congo, en 1988, dans l’émission « Samedi na Brazza », animée par Gauzal Albert N’zoko, dit Papa GAZ. Elle sera alors plébiscitée meilleure chanson de cette année-là. C’est au sein de l’orchestre « Télé Musique » que le saxophoniste composa cet air qui fut enregistré à l’Industrie africaine du disque  (IAD) de Brazzaville, sous la référence PF770634, en format 33 tours. La production de cet album fut assurée par l’Office national des postes et télécommunications (ONPT). En effet, « Télé Music » fut l’orchestre des  travailleurs de l’ONPT. A cette époque, sur la rive droite du fleuve Congo, se crée un phénomène d’orchestres des structures étatiques comme « Hydro Music », d’Hydro-Congo, « Guérilleros » de l’Armée populaire nationale, « Aerodros », de l’Armée de l’air, etc.

« Kimbanda Sida » c’est le message d’une femme courtisée à une rivale qui avait fini par évincer l’épouse légitime : « Obanzaki ozuaki bomengo nzoka omi kosaki, ndako ya moto na libanda oyébi té épayi étangaka sala noki ozonguéla ndako ya nganga wana. Munu vé munuangana vé mama bosana ngai, na tikéla yo yé mpo yo dondua na miso ya ba banda. Soki lélo mobali a varié luka o changé ézaléli pésa yé nyonso alingaka mpo abosana ba nzéla ya ba banda ». « Tu pensais avoir le bonheur, en réalité tu t’es trompée. De l’extérieur, il est difficile de savoir à quel endroit la maison d’autrui suinte. Hâte-toi de regagner la maison de ce féticheur. Je n’y suis pour rien, oublie-moi. Je te l’ai laissé afin que tu puisses te vanter aux yeux de tes rivales. Si aujourd’hui l’homme a varié, cherches à changer ton comportement. Donne-lui tout ce qu’il aime pour qu’il oublie les chemins de tes rivales ».

Voici la line-up de l’orchestre « Télé Music », chant : Nelly Okémba, Simon Mangouani, Roger Pikou-Mboukou. Guitares solo, Abel Roger Itoua, Ferdinand Kiolo. Rythmique : Gaudzad Felix Akouala, Gabriel Miénandi. Basse : Elénga Nyanghat. Drum : Rickky Siméon. Tumba : Raphael Nanitouma. Sax ténor et soprano : Bruno Houla. Sax ténor : Joseph Nzimbani et Hemilémbolo Milex. Trompette : Kémbo Mayimona et Jean Mingui. 

Bruno Houla a débuté sa carrière sous la coupe du guitariste Kalondji Raymond Braink au sein du Micra Jazz en 1957, à Léopoldville, la ville où il est né le 2 juin 1939. Il remplace Pandy Saturnin à la percussion dans Rock-A-Mambo, en 1959. Initié au saxo par Manu Dibango, il intègrera Super Boboto en 1970. A la fin de la décennie 70, il crée avec Nelly Okémba « Télé Music ». En 1984, Jeff Louna, Bik’s et lui ont formé le « Jungle Trio ». Il meurt le 8 décembre 2009.   


Frédéric Mafina

Légendes et crédits photo : 

Bruno Houla (dernière bulle sur la pochette), dans le jungle Trio