Les Dépêches de Brazzaville



Libye : l’OMS dresse un « lourd bilan » des affrontements


Sous les protestations de la communauté internationale qui soutient Fayez Al Sarraj, reconnu par l’ONU, l’homme fort de l’est libyen se rapproche dangereusement de Tripoli, la capitale.

Dans la foulée des condamnations des « attaques répétées contre le personnel soignant » et ses ambulances, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a dressé un bilan lourd qui s’élève à cent vingt et un morts et cinq cent soixante et un blessés, selon les chiffres de son bureau en Libye.

Dans sa communication, l’organisation internationale ne donne pas de précisions sur le nombre de civils ou forces militaires tués ou blessés. Pour compléter ces tristes statistiques, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU estime à treize mille cinq cents, le nombre de personnes déplacées dont neuf cents seulement ont pu être reçues dans des centres d’accueil.

Ces chiffres sont à replacer dans le contexte des affrontements qui font rage depuis début avril dans la bataille de Tripoli. Après avoir conquis l’est pétrolifère libyen, le maréchal Khalifa Haftar, chef autoproclamé de l’armée nationale libyenne, semble vouloir s’emparer de la capitale Tripoli. Le maître de l’est et d’une partie du sud veut désormais élargir sa zone d’influence vers l’ouest de la Libye.

« Parmi tous ces morts et blessés, trente-et-une personnes sont des civils. Neuf d'entre eux ont été tués. Vingt-deux autres blessés. Ce qui nous alerte le plus, c'est de constater que, parmi les victimes, il y a aussi quatre travailleurs humanitaires. Trois médecins ont été tués. Un autre a été blessé. Un conducteur d'ambulance a aussi perdu la vie. Jusqu'à présent, huit ambulances ont été ciblées ou endommagées, pas directement mais parce qu'elles se trouvaient sur la ligne de front. Elles ont été visées par des tirs de rockettes ou d'autres choses comme ça. S'il vous plaît, ne ciblez pas les hôpitaux, les ambulances et les travailleurs humanitaires. En les visant, vous ne faites que rendre la population libyenne plus vulnérable », a appelé Syed Jaffar Hussain, représentant de l'OMS en Libye.

Début avril, le maréchal a engagé ses troupes en direction du siège du gouvernement d’union nationale de Fayez Al Sarraj, son rival soutenu par l’ONU sur la base de l’accord politique interlibyen qu’elle a parrainé. Ce dernier tente de résister avec des forces loyales alors que l’ONU et la communauté internationale ont lancé des appels au calme et mis en garde contre toute exaction.

Dimanche, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a rencontré, au Caire, le maréchal Khalifa Haftar. Les deux hommes ont discuté « des derniers développements de la situation en Libye » et du soutien de l'Égypte à l'unité, à la stabilité et à la sécurité dans ce pays.

Selon le porte-parole de la présidence, Bassam Radi, le président égyptien a, lors de ces entretiens avec Haftar, affirmé le soutien de son pays aux efforts de lutte contre le terrorisme ainsi que les groupes et milices extrémistes en vue d’assurer la sécurité et la stabilité du citoyen libyen sur l’ensemble du territoire libyen et à permettre la création d'un État civil stable et souverain.

Cette visite intervient alors que les troupes du maréchal Haftar affrontent quotidiennement celles du gouvernement d’entente nationale de Fayez el-Sarraj, au sol comme dans les airs. Les civils ne sont pas épargnés. Jusqu'ici, les troupes fidèles au gouvernement d'union nationale sont parvenues à tenir celles d'Haftar à distance, mais de violents combats ont eu lieu aux abords de l'aéroport de Tripoli, situé à une dizaine de kilomètres du centre de la capitale.


Yvette Reine Nzaba