Les Dépêches de Brazzaville



Lire ou relire : "Couleurs équatoriales "


Le héros du roman est un menuisier chevronné. Il est sollicité par un député pour intervenir dans la construction de la villa de sa jeune maîtresse, Mimi Goya. Une ex-fiancée de son fils. Le comportement licencieux du député lui attire le mépris du peuple. La cohabitation du menuisier et de son riche client est également vue d’un mauvais œil par la populace.

Ce récit enchevêtré par d’autres récits apparaît comme un mélange de genres. Conte, nouvelle, poésie s’y entremêlent sans trahir le lien chronologique des événements. Autant de petites histoires désopilantes et édifiantes qui agrémentent la trame principale de l’œuvre.

On constate, dans ce style narratif, une sorte de déconstruction sociale qui se comprend par une image ennoblie de l’ouvrier en contraste au portrait dégradant de la personnalité du parlementaire. Il s’agit, a posteriori, soit d’une dérision à l’endroit de certains cadres au rabais dont l’agir public dénote d’un vide éthique, soit d’une simple mise en relief du désenchantement des mandants selon les contextes actuels, en Afrique subsaharienne.

Le roman, structuré en quinze chapitres, décrit des réalités et des mentalités propres à cette partie de l’Afrique. Partant d’un climat chaud fait de canicules, certainement à cause du réchauffement climatique, jusqu’aux fresques représentant l’ordinaire quotidien. D’une riche description pittoresque des lieux à la peinture des mœurs, tout le récit défile comme au cinéma pour dire l’Afrique dans toutes ses couleurs, avec ses valeurs et contrevaleurs. Edité par Jets d’Encre, "Couleurs équatoriales" est une œuvre majeure, écrite dans un français châtié à l’image de "L’Enfant noir" de Camara Laye ou de " Sur la braise" de Henri Djombo. Agé de 57 ans, l’écrivain congolais Benjamin Mankedi est auteur de plusieurs livres. Il a écrit, entre autres, "Être nègre et crever" et "Les Dieux de Zéno".


Aubin Banzouzi