Les Dépêches de Brazzaville



Littérature : 14e Printemps des poètes des Afriques et d'ailleurs de Thierry Sinda


Les Dépêches de Brazzaville : Cela fait quatorze ans que vous organisez à Paris le Printemps des poètes des Afriques et d'ailleurs. Qu'est-ce qui explique la longévité de votre festival ?

Thierry Sinda : Il y a bientôt dix-neuf ans était créé le Printemps des Poètes ; et étant donné que la poésie est affaire de cercle, j'ai voulu que la poésie des Afriques d'hier et d'aujourd'hui soit représentée en France. Alors j'ai créé le Printemps des poètes des Afriques et d'ailleurs. Nous sommes un cercle de poètes engagés dans le mémoriel ayant trait aux drames du monde noir : esclavages et colonisation, et nous sommes également contre toute forme d'injustice par le verbe, en jonglant avec les mots de manière artistique. Nous sommes regroupés sous l'étiquette de l'école de la néo-Négritude, qui déborde quelque peu de la simple couleur de peau, puisqu' il y a parmi nous quelques Africains du Maghreb.

LDB : Le thème national du Printemps des poètes est "Les Afriques". Qu'en pensez-vous ?

T.S. : Je suis fort heureux et très fier que notre marque de fabrique poétique « les Afriques en poésie » ait été transformée en thème national. Le thème "Les Afriques" nous l'avons passé dans notre moule néo-négritudien, et il est devenu "Les Afriques en construction" car les Afriques se rencontrent paradoxalement plus dans les grandes villes de France, que sur le continent africain ou dans les îles des Caraïbes ou de l'Océan indien. Or c'est l'unité qui fait la force, comme vous le savez...

LDB : Le poète à l'honneur est le malgache Dox (1913-1978). Pouvez-vous nous présenter succinctement cet auteur majeur de Madagascar et inconnu dans l'espace francophone ?

T.S. : Il a écrit près de treize recueils de poèmes en malgache. Chants capricorniens, ouvrage épuisé durant vingt-et-un ans, vient d'être réédité à Paris par les éditions Sépia (filiale de l'Harmattan). C'est une grande première pour cet auteur malgachographe, dont l'unique recueil de poèmes en français est maintenant dans l'espace francophone international ! A l'époque coloniale, il a fait partie du groupe Mitady ny very qui prônait une Renaissance malgache en langue malgache. Dox est un poète ésotérique, astronome et illuminé. je pense qu'il rencontrera des adeptes sur le continent africain et bien au-delà.

LDB : Vous lancez lors du festival la collection Poètes des afriques et d'ailleurs aux éditions Delatour France, le premier livre sera Chant du Black Paname du poète martiniquais Henri Moucle. De quoi s'agit-il exactement ?

T.S. : Lors du dixième anniversaire du festival, j'ai fixé nos rencontres dans un ouvrage de 624 pages l'Anthologie des poèmes d'amour des Afriques et d'ailleurs (Orphie, 2013); et maintenant  je souhaite fixer individuellement les poèmes de qualité des poètes des Afriques et d'ailleurs  dans la collection éponyme que j' ai l'insigne honneur de diriger  aux éditions Delatour France.

 


Propos recueillis par Rose-Marie Bouboutou

Légendes et crédits photo : 

Thierry Sinda, créateur du printemps de poètes des Afriques et d’ailleurs ©ADIAC