Les Dépêches de Brazzaville



Littérature : les romans africains de la rentrée littéraire 2020


Les lumières d’Oujda de Marc Alexandre Oho Bambe/Calmann- Levy

Dans ce roman, le narrateur est de retour au Cameroun. Passée l’humiliation d’un retour « tous frais payés », soutenu et aimé par Sita, sa grand-mère, il redresse la tête. « Certes les hommes sont des loups pour les hommes » mais il y a des Justes, « des femmes et des hommes qui œuvrent pour l’humanité, au sens le plus noble du mot, pour que celle-ci ne se défasse pas, pas totalement. » C’est donc là que ses pas le mèneront, c’est là qu’il peut aider et accompagner. D’Oujda, à Beyrouth, Tanger, Lesbos, Douala, Paris, Calais, il va sillonner les routes, rencontrer, écouter ceux et celles qui sont partis. Eternelle question : pourquoi être parti ? Il croisera la route d’Imane à Oujda et sa vie deviendra lumineuse.

Marc Alexandre Oho Bambe est un artiste du mot, du rythme. Narration poétique, poésie narrative, les mots crépitent, se lisent à haute voix pour n’en perdre ni la saveur ni la teneur. Un texte qui bouscule, qui ne se laisse pas apprivoiser de prime abord.

Marc Alexandre Oho Bambe, alias Capitaine Alexandre, est poète et slameur. Né en 1976 à Douala au Cameroun, il est bercé par la poésie dès son plus jeune âge, notamment par Aimé Césaire et René Char. Il est lauréat du Prix Paul Verlaine de l'Académie française 2015 et a été fait chevalier de l’Ordre national du mérite le 2 mai 2017 par décret présidentiel.

Sublime royaume de Yaa Gyasi/Calmann Levy

Gifty, américaine d’origine ghanéenne, est une jeune chercheuse en neurologie qui consacre sa vie à ses souris de laboratoire. Mais, du jour au lendemain, elle doit accueillir chez elle sa mère, très croyante, qui n’est plus que l’ombre d’elle-même et reste enfermée dans sa chambre toute la journée. Grâce à des flashbacks fort émouvants, notamment sur un frère très fragile, nous découvrons progressivement pourquoi la cellule familiale a explosé, tandis que Gifty s’interroge sur sa passion pour la science si opposée aux croyances de sa mère et de ses ancêtres.

Ce roman de cette auteure américaine d’origine ghanéenne raconte les difficultés d’avoir une peau noire en Amérique et le clash des générations au sein d’une famille issue de l’immigration. Des thèmes traités de manière étonnante, entre zigzags chronologiques et fascinantes expériences scientifiques. Un deuxième roman qui confirme l’immense talent de Yaa Gyasi dont la plume si subtile prend toujours une force incroyable.

Le sel de tous les oublis de Yasmina Khadra/Julliard

Le 20 août, paraîtra « Le sel de tous les oublis », le nouveau roman de Yasmina Khadra, auteur prolifique et, surtout, l’un des romanciers francophones les plus lus au Maghreb et en Europe, qui publie depuis plus de 25 ans et compte à son actif une trentaine de romans, traduits dans plus de quarante langues. Ce nouveau roman de l’auteur algérien raconte l’histoire d'Adem Naït-Gacem, un instituteur qui, ne supportant pas le vide laissé par le départ de son épouse, abandonne ses élèves et se livre aux vents contraires de l’errance. Des rencontres providentielles jalonnent sa route : nain en quête d’affection, musicien aveugle au chant prophétique, vieux briscards, galériens convalescents et simples d’esprit le renvoient constamment aux rédemptions en lesquelles il refuse de croire. Jusqu’au jour où il est rattrapé par ses vieux démons. À travers les pérégrinations d’un antihéros mélancolique, flanqué d’une galerie de personnages hors du commun, Yasmina Khadra nous offre une méditation sur la possession et la rupture, le déni et la méprise, et sur la place qu’occupent les femmes dans les mentalités obtuses.


Boris Kharl Ebaka

Légendes et crédits photo : 

Photos: Couvertures des ouvrages