Les Dépêches de Brazzaville



Littérature : rencontre autour du roman "Les vœux du larynx"


A travers cent cinquante-huit pages, la trame romanesque de l’ouvrage "Les vœux du larynx" s’étale sur une panoplie de thèmes : l’aliénation culturelle, la beauté, l’identité, l’amour. De nombreux phénomènes sociaux s’y ajoutent. Dans sa narration, en prose et en ver, l’auteur a mis un accent aigu sur la problématique de la liberté s’appuyant sur un personnage autonome et observateur qui refuse catégoriquement d’être privé de ce droit. Lequel personnage anonyme dont le nom se révèle à la fin du récit considéré comme un hymne à la liberté.

Jetant un regard de lecteur averti, le poète Emeraude Nkouka a fait remarquer que l’auteur s’est éloigné de tous clichés sociaux pour peindre, en toute impartialité, la condition humaine, particulièrement celle des Noirs: les inégalités dans la société, la révolution, l’optimisme, l’esthétique… Il a également souligné que la plume de l’auteur, aussi inspirée paraît-elle, est nourrie d’un vocabulaire coriace et rare, bâti sur la dérision et le tout dans un style de monologue.  

Par ailleurs, au cours de cette rencontre littéraire, le public a apprécié l’œuvre tout en creusant les motivations profondes de l’auteur dans une série de questions-réponses afin d’en tirer toute la substance qu’elle renferme. L’auteur, pour sa part, n’est pas resté insensible.  « Je remercie infiniment le public qui a répondu présent à mon invitation d’aujourd’hui pour échanger sur mon nouveau roman qui évoque la condition des Noirs et comment celui-ci peut se positionner par rapport aux jeunes blancs. Retenons que, quel que soit l’endroit où l’on vit, on peut trouver une porte de sortie et une possibilité de tenir bon », a déclaré Jared Benjamin Mamouna.

Pour lui, l’Afrique doit incessamment défendre sa race, sa couleur, sa culture et les traditions de son terroir. C’est pourquoi, dans ce roman, il y a certains personnages, lieux qui portent les noms et expressions en langues nationales ou ethnies du Congo telles que ''Tata mokondzi'' (chef), ''mopila'' (chauffeur), ''kéba na mopèpè'' (attention au vent), ''marché makouala mayokélé'' (marché des harengs en vente ambulante), etc. 

« Le message est de dire aux jeunes de se ressaisir, de se connaître, de se savoir et d’être fiers de leur culture. Pas une fierté qui pousse à haïr l’autre, mais celle qui l’aideront à réaliser qu’ils sont égaux et doivent faire chemin ensemble », en pense Jared Benjamin Mamouna.

Né à Brazzaville, Jared Benjamin Mamouna a été lauréat de la Francophonie en 2011, dans la catégorie poésie. Il est également l’auteur de "L’orgueil des Républiques" (2017), "Cap de bonne expérience" (2018) et "L’épaisseur des nuées" (2019).


Merveille Atipo et Carmela Makita, stagiaire

Légendes et crédits photo : 

Une vue du public et du panel lors de la rencontre littéraire