Les Dépêches de Brazzaville



Lutte contre la faim : une meilleure nutrition passe par une refonte des systèmes alimentaires, estiment la FAO et l’OMS


Les représentants des deux organisations se sont exprimés lors d’une réunion préparatoire de la deuxième Conférence internationale sur la nutrition (CIN2), prévue l’an prochain. Cette rencontre avait pour objectif de renforcer la coordination internationale axée sur les systèmes agricoles, économiques, sanitaires, alimentaires et autres qui ont des répercussions négatives sur l’alimentation et les modes de consommation, en particulier dans les pays en développement.

« Il est clair que la manière dont la nourriture est gérée aujourd’hui ne donne guère de résultats satisfaisants dans l’amélioration de la nutrition. Le fait le plus révoltant, c’est que plus de 840 millions de personnes sont encore victimes de la faim de nos jours alors que le monde produit suffisamment de nourriture pour tous, tout en en gaspillant un tiers », a déploré le directeur général de la FAO, José Graziano da Silva.

« Le scénario est plus complexe à l’heure actuelle, a-t-il expliqué. Aujourd’hui, plus de la moitié de la population mondiale souffre d’une forme ou d’une autre de malnutrition, qu’il s’agisse de la faim, de carences en micronutriments ou d’une alimentation excessive », ajoutant : « Le volume total de vivres produits mais non consommés permettrait de nourrir deux milliards supplémentaires d’êtres humains. Le problème, c’est que les politiques actuelles n’adressent pas aux consommateurs les messages appropriés sur la manière de manger sainement. C’est sur ce problème que nos efforts devront porter. »

Selon des experts, 842 millions de personnes souffrent actuellement de faim chronique et beaucoup d’autres périssent ou subissent les effets d’une nutrition médiocre. Près de deux milliards d’individus souffrent de carences en micronutriments, sept millions d’enfants meurent chaque année avant d’atteindre leur cinquième anniversaire, 162 millions d’enfants âgés de moins de cinq ans souffrent de retards de croissance, et pendant ce temps, 500 millions de personnes sont frappées d’obésité.

Compte tenu de l’ampleur de la malnutrition et de son impact sur le développement durable dans son ensemble, le directeur général a réaffirmé le soutien de la FAO, du Fonds international pour le développement agricole (FIDA) et du Programme alimentaire mondial (PAM) à l’élaboration d’un objectif à part entière sur la sécurité alimentaire et la nutrition dans le cadre de l’Agenda de développement post-2015.

De son côté, le chef du bureau du directeur général de l’OMS, Hans Troedsson, a appelé à repenser la gestion du système alimentaire en précisant que l’alimentation jouait un rôle essentiel dans les problèmes de santé au niveau mondial et que les enjeux polymorphes de la nutrition devraient être pris en compte de la petite enfance à la maturité.

« Si notre souci principal était autrefois la malnutrition des enfants, nous sommes aujourd’hui confrontés à une épidémie d’alimentation déséquilibrée et d’activité physique insuffisante qui entraîne de multiples maux, de l’hypertension artérielle aux maladies cardiovasculaires, en passant par le diabète et le surpoids », a-t-il souligné. Et de poursuivre : « Les menaces à la nutrition et à la santé n’ont cessé de s’amplifier et de s’aggraver et ne disparaîtront pas comme par enchantement. Nous devons y répondre dès maintenant. Les secteurs de la santé et de l’alimentation doivent travailler main dans la main. »

Notons que la Conférence internationale sur la nutrition (CIN2) se propose de contribuer à donner une orientation générale de l’Agenda de développement post 2015 et à cibler l’Exposition universelle de Milan (EXPO 2015), placée sous le thème « Nourrir la planète, énergie pour la vie ». Elle sera aussi l’occasion d’amplifier l’appel lancé par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, aux dirigeants réunis au sommet Rio+20 pour l’adoption du défi « Faim Zéro ».


Nestor N'Gampoula