Les Dépêches de Brazzaville



Lutte contre le braconnage : des produits en ivoire saisis à Kinshasa et Goma en février et mars


Les autorités congolaises, par l’entremise de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), en collaboration avec d’autres structures étatiques dont la police nationale et la direction générale des douanes et accises, appuyés par les partenaires techniques et financiers tels le WWF avec notamment les fonds de l’Usaid via son programme Central Africa forest ecosystem conservation, ont continué à maintenir les efforts afin d’éradiquer le commerce de l’ivoire d’éléphant. Ce, après la fermeture du célèbre marché de l’ivoire appelé "Wenze ya Bikeko," en avril 2017, et des actions conséquentes des deux années précédentes.

Deux opérations coups de poing à Kinshasa

Deux opérations coups de poing ont été menées, les 9 et 16 février, dans les communes de Kinshasa et de Barumbu. Grâce au concours de la police, elles ont permis d’arrêter six trafiquants et artisans des produits de la faune dont de l’ivoire d’éléphant et d’autres spécimens intégralement protégés et non protégés. « Des colis de près d’une vingtaine de kilos ont été saisis. Ceux-ci contenaient des produits en ivoire mélangés avec d’autres spécimens dont des os de bœuf (une des techniques de dissimilation) », ont souligné des sources proches de ce dossier.

Pour identifier les spécimens contenus dans ces colis, la police nationale congolaise a fait appel à l’expertise de l’ICCN, qui a clairement confirmée la présence de l'ivoire d'éléphant dans ce colis, sur la base d’un échantillon. « …Le colis saisi est constitué, d'une part, des pièces sculptées provenant de l’ivoire d’éléphant et, d’autre part, de quelques pièces d’une espèce animale non-protégée », a conclu le médecin vétérinaire de l'ICCN.

Les services des douanes de l’aéroport international de N’djili, en collaboration avec les autres services aéroportuaires, ont, pour leur part, saisi le 15 mars une quantité importante d’ivoire travaillé. Le colis appartenait à une dame qui s’apprêtait à embarquer sur le vol de Kenya Airways pour Dubaï, aux Emirats arabes unis. L’ivoire, note-t-on, a été détecté malgré la dissimilation dans une carcasse de radio (chaîne musicale).

 Un jour auparavant, soit le 14 mars, à Goma, trois trafiquants ont été arrêtés avec un colis de 10 kg d’ivoires, dont 8 kg d’ivoires bruts et 2 kg d’ivoires travaillés (bracelets, colliers, statuettes…).

Ce coup de filet a été réalisé, une fois de plus, grâce à la collaboration entre la police nationale, l’ICCN ainsi que les autorités provinciales et judiciaires du Nord-Kivu.

Avec cette vague de saisies et d’arrestations des trafiquants d’ivoire d’éléphant, la RDC maintient le cap de la lutte contre le trafic illicite de ce produit, conformément à ses engagements pris au titre de la Cites et à son Plan d’action national ivoire qui a pour objectif de renforcer la lutte contre le braconnage des éléphants, le trafic illicite d’ivoire et d’autres spécimens d’éléphant en collaboration avec tous les acteurs concernés.

Le commerce d’ivoire, rappelle-t-on, est interdit; l’éléphant étant classé en Annexe I de la Convention de la Cites du 3 mars 1973 à laquelle la RDC a adhéré le 20 juillet 1976. Cet animal est parmi les espèces intégralement protégées par la législation congolaise, notamment par la loi n°14/003 du 11 février 2014 relative à la conservation et l’arrêté ministériel n°020/CAB/MIN/ECN-EF/2006 du 20 mai 2006 portant agrément de la liste des espèces animales protégées dans le pays.

Aussi, au terme de l’article 78, alinéa 1 de la loi n°14/003 du 11 février 2014 relative à la conservation de la nature, la détention d’une espèce intégralement protégée est punie d’un an à dix ans de prison et d’une amende de cinq millions à vingt millions de francs congolais ou de l’une de ces peines seulement. En punissant des personnes arrêtées, l’autorité espère dissuader les autres trafiquants.


Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: De l'ivoire travaillé saisi/tiers Photo 2 et 3: De l'ivoire saisi lors de l'opération coup de poing /tiers photo 4: De l'ivoire dissimilé pour sortir du pays/tiers