Les Dépêches de Brazzaville



Manifestation du 30 novembre : la ville de Kinshasa en danger


Ce 30 novembre risque de ressembler à des précédentes journées au cours desquelles l’opposition a tenu à manifester dans la rue mais qui ont été caractérisées par des confrontations entre les forces de l’ordre et les manifestants.

Alors que le gouverneur de la ville province de Kinshasa, André Kimbuta Yango, n’a pas pris acte de la déclaration de manifestation du Rassop portée par l’un de ses partis membres, l’Engagement  pour la citoyenneté et le développement (Ecidé) de Martin Fayulu, l’opposition congolaise confirme sa marche dite pacifique.

L’information qui passe par les réseaux sociaux ainsi que des tracts annonce, en effet, que le Rassop a maintenu sa marche prévue sur toute l’étendue du territoire national. Pour Kinshasa, les organisateurs ont indiqué que cette activité sera lancée dans les différents quartiers de la ville et aura comme point de chute le terrain situé en face du stade des Martyrs où il est prévu une réunion publique.

Risque de confrontation entre les manifestants et la police

Dans leurs messages de sensibilisation à cette action, les partis membres du Rassop continuent à appeler la population congolaise à sortir, le 30 novembre, dans la rue et de rejoindre le lieu de rassemblement qui est le terrain situé entre le boulevard Triomphal et l’avenue Enseignement, en face du stade. Pourtant, dans sa réponse à la lettre d’information de l’Ecidé, le gouverneur de la ville-province a indiqué : « À ce sujet, tenant compte de la multiplicité des points de départ, à savoir près de 354 quartiers communaux, et de la durée de la marche, de 7 h à 17 h, soit dix heures de marche, les services de la police/ville de Kinshasa ne seront pas en mesure de réserver un encadrement efficace à votre activité. À cela s’ajoute la possibilité de croisement des itinéraires avec les marches d’autres formations politiques sollicitées à la même date. »

Dans sa conclusion, le maire de la capitale congolaise, qui a dit qu’il ne pouvait pas exposer la ville à des risques de confrontation, a clairement avoué qu’il ne pouvait pas non plus prendre acte de cette déclaration de manifestation du Rassop. Il a appelé les responsables de la police et les bourgmestres des communes à faire respecter cette décision. Les forces de l’ordre seront donc là pour empêcher l’opposition à réaliser son dessein. Cela signifie également qu’une confrontation avec les manifestants et ces forces de l’ordre est prévisible, compte tenu de la témérité de ces partis politiques à tenir cette activité. Ce qui fait dire à plusieurs Kinois que l’on risque de connaître ce que l’on a toujours connu à pareilles circonstances.

Déjà, craignant le pire, certaines chancelleries établies à Kinshasa ont averti les ressortissants de leurs pays respectifs sur le danger que présente cette manifestation du 30 novembre. « Même les manifestations destinées à être pacifiques peuvent devenir conflictuelles ou dégénérer en violence », a averti l’ambassade américaine, dans un message adressé aux citoyens des États-Unis vivant en RDC. Ces derniers sont, en outre, appelés à réduire leurs mouvements au maximum, à décaler leurs voyages prévus en ce jour ou à éviter carrément les itinéraires visés par cette marche.


Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Des pneus brûlés lors des manifestations dans les rues de Kinshasa /photos des tiers