Les Dépêches de Brazzaville



Musique : Sammy Massamba, un brillant retour sur scène


Les rideaux de ce concert annoncé depuis plus d’un mois se sont levés sur quelques notes musicales du groupe d’accompagnement. C’est un groupe très réputé qui a su interpréter rythmiquement les airs musicaux de Sammy Massamba.

Après cette petite démonstration, l’auteur, compositeur, guitariste et l’homme-orchestre, Sammy Massamba, très rajeuni, est monté sur scène à l’américaine. D’ailleurs, le titre qu’il a interprété en montant sur scène en dit long. « Hard to handke », cette chanson composée en anglais a été une belle illustration de ce début de prestation. Et pourtant, sitôt après avoir servi allègrement ce morceau musical au public venu nombreux découvrir ce vieux vétéran de la musique congolaise moderne, il leur a annoncé qu’il n’avait pas l’intention de les emmener aux États-Unis. « Nous n’allons pas jouer à l’américaine, nous resterons dans notre musique de terroir, celle du Congo. »

Cette musique du terroir, c’est celle que Sammy Massamba a chantée dans les années 1970 avec ses amis du groupe Les Cheveux crépus, dans lequel figurait en bonne place Jacques Loubélo pour qui il a demandé à tous de se lever, afin de lui rendre hommage en observant une minute de silence. Cet artiste, précurseur de l’unité nationale, s’il n’avait pas tiré sa révérence le 25 mai dernier, serait l’invité d’honneur de ce concert inédit.

Après ce moment émouvant, il a mis le public dans le bain avec la chanson « Bizenga polo » chantée par le groupe Les Cheveux crépus. Ont suivi les chansons « Mizélé », puis « Béno ku Africa », où l’artiste exhorte les Congolais en particulier, et les Africains en général, à rester chez eux. « Vous êtes bien en Afrique, avec autant de richesses. Ce n’est pas la peine d'émigrer, restez chez vous. »

La première phase de sa prestation s’est arrêtée avec la chanson « Super wolo », et a cédé la place à Mickaella, une musicienne originaire des Antilles mais vivant à Paris en France, qu’il a ramenée dans sa gibecière.

Cette star antillaise a chanté pour le public deux chansons en anglais, « Cry-me » et « Killing », puis trois slows en français, à savoir : « Baiser de Céline » et « J’en ai assez », deux compositions de Sammy Massamba qu’elle a interprétées, puis « Comme d’habitude », un slow de son album.

Un public émerveillé

« C’est la première fois que je viens au Congo, c’est un honneur pour moi de me présenter devant un public congolais, et surtout de partager la scène avec Sammy Massamba à Brazzaville », a déclaré Mickaella.

Après cette surprise, le grand Sammy Massamba est revenu cette fois-ci pour émerveiller. Le public a communié avec lui ; certains se sont pressés pour monter sur le somptueux podium de l’Institut français du Congo (ex-Centre culturel français) pour l’embrasser, voire le gratifier de quelques billets de banque. C’était le cas avec des chansons telles que « Mama wa ndombi ; Luzingu » ou « Mwana Béchaya ». Dans cette dernière, l’artiste conte plus qu’il ne chante l’histoire d’un enfant orphelin.

D’autres chansons comme « Tima wo » (Un cœur dur) ; « Ewawa » ; « Koundou ya mama » (La maman sorcière) n’ont pas fait exception. Le clou de spectacle, c’est la chanson « Bolé Bantou », prochain opus de Sammy Massamba, dans lequel il exprime le manque de solidarité. Il montre à travers cette chanson le mal de la solitude : « Vivre seul est un mal, il vaut mieux vivre avec les autres. »

Le public n’a pas étanché sa soif de l'écouter, faute du temps. Une heure et demie, c’est peu pour un artiste au répertoire si riche. L’artiste a invité les opérateurs culturels, les hommes d’affaires, à le produire partout à travers le pays.

La presse a contribué à plus de 70 % dans la réussite de ce concert

À l’issue de ce concert, Sammy Massamba a reconnu avoir été angoissé à l’idée de se produire dans son pays après plus de quarante ans d’absence. Cela a représenté pour lui un véritable challenge. Mais il a été honoré de retrouver de nombreux amis. « J’ai été bouleversé d’entendre  les gens interpréter avec moi mes chansons. Le public a été très chaleureux, je pense même que le public congolais est le meilleur public. Le pays m’a beaucoup manqué, comme je le dis dans la chanson « Bolé bantou », car vivre à deux, c’est mieux que de vivre seul. Je reconnais aussi que si cette soirée a reçu un tel accueil c’est parce que la presse congolaise y a contribué à plus de 70 %. Je la remercie infiniment. »

Sammy Massamba a promis la sortie de son album en janvier 2014, il assure également vendre le prochain opus de Mickaella au Congo.


Bruno Okokana

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