Les Dépêches de Brazzaville



Ouesso : « J’ai plus le devoir de faire que le droit de réclamer », déclare Ghislain Manguessa Ebome


Les Dépêches de Brazzaville : Maire de Ouesso aujourd'hui, quel sens donnez-vous à cette élection après votre échec aux législatives de 2012 ?

Ghislain Thierry Manguessa Ebome : Mon élection en qualité de Maire de Ouesso a, de mon point de vue, un double sens. En premier, il s’agit d’une réparation citoyenne après ce que vous qualifiez d’échec et qui n’était en fait qu’un hold-up  électoral  qui ne nous a pas permis d’être élu député de Ouesso en 2012. Aujourd’hui, les grands électeurs ont suivi la voix du peuple en m’élisant à la tête de notre conseil. En second, il s’agit d’un appel profond  à la rénovation de la classe politique et  à  l’approfondissement de la démocratie. Exigences substantielles au cœur, hier, de la Nouvelle Espérance (2002-2009) et, aujourd’hui, du Chemin d’Avenir.

LDB: Hier candidat, aujourd'hui aux commandes. Qu'est-ce qui change ?

GTME: J’ai la tentation de dire que tout a changé, sauf l’audace et notre humanité. Sauf notre ambition de réussir et de faire de Ouesso une ville pilote du développement local par l’initiative citoyenne. Tout a changé par contre. Le candidat porteur d’espérance est maintenant le Maire, garant du bien-être des populations et de la bonne administration de la cité. Tout le monde attend tout de moi. Il nous faut travailler pour la bonne vie des citoyens. Tout a changé car j’ai désormais la responsabilité de conduire les destinées de plus de 30.000 habitants. J’ai plus le devoir de faire que le droit de réclamer.

LDB: Ouesso sera le centre du Congo en 2015. Donc vous avez d'importants défis à relever. À peine arrivé, n'est-ce pas stressant ?

GTME: En me présentant à la tête du Conseil municipal, je savais que le plus grand challenge de ce mandat est la Municipalisation accélérée de la Sangha et la célébration de la fête nationale du 15 août 2015 ici, à Ouesso. Je dois vous avouer que relever ce challenge est une motivation majeure de ma candidature, et surtout de mon action à la tête de notre municipalité. J’aime Ouesso, cette ville qui a forgé ma personnalité. Oui, Ouesso est une ville de challenges. Je suis là pour raviver la flamme de l’espérance qui fera jubiler nos populations le 15 août 2015. Nous aurons l’une des plus belles fêtes de l’indépendance. Il n’y a aucun stress.

LDB: Vous aurez 5 ans à la tête de Ouesso. Quels sont les grands axes de votre action?

GTME: Nous avons décliné notre programme de développement comme étant celui de la solidarité et de l’efficacité. La solidarité suggère une gestion participative et efficace, fondée sur l’application rigoureuse des dispositions législatives et réglementaires qui régissent la décentralisation. Cela nous éviterait de faire de notre assemblée locale une simple officine où viennent s’affronter des convictions partisanes. Notre conseil doit être un laboratoire du développement. Ainsi, la première orientation de notre action consiste à partager notre vision aux conseillers et à tous les agents municipaux afin que chacun adapte sa mentalité et ses compétences à la vision. La deuxième orientation porte sur les mécanismes à mettre en œuvre pour mobiliser et rationaliser la gestion des recettes locales. Je suis surpris de constater que la municipalité de Ouesso n’arrive pas à mobiliser plus de 15% des recettes locales prévues. Elle fonctionne essentiellement sur la base des subventions. La troisième orientation est relative à l’amélioration de la vie sociale des citoyens grâce à l’exécution des projets SMART.  L’essentiel de ces projets seront inscrits au cœur des actions prioritaires de la Société de Développement de Ouesso (S.D.O), en étude, dont le Conseil municipal sera un actionnaire essentiel. La quatrième orientation est liée à la coopération décentralisée. Sur ce point, je suis heureux de constater que des amis se mobilisent à travers le monde, autour des différentes associations pour nous obtenir des partenariats.

LDB: On sait que vous vous êtes battus pour le président de la République en 2009. Que s'est-il passé pour que vous vous présentiez en indépendant alors que vous portiez la bannière du PCT hier ? Doit-on parler de parjure?

GTME: Mon soutien à l’action du président Denis Sassou N’Guesso n’est pas récent. 2009 n’est pas la date à laquelle il faut renvoyer. Certes, en 2009, j’ai participé activement à la réélection du président Sassou N’Guesso. Mais de manière précise, mon soutien au Président Denis Sassou Nguesso date du 25 avril 1991 et j'avais 16 ans. J’ai été marqué, ce jour-là, par le discours du chef de l’État aux Congolais, particulièrement aux conférenciers. Sans rancœur, le Président assumait un passé collectif à travers un discours gaullien : J’ASSUME. Je suis élu comme indépendant parce que depuis mai 2012 j’ai contesté le mode de désignation des candidats mis en œuvre par mon parti de l’époque, le PCT, qui a fini par m’exclure. Malgré cela, je suis revenu vers le parti pour qu’ensemble nous regardions comment combiner pour mettre en place le bureau du Conseil municipal de Ouesso. C’était juste après les élections locales. Aucun dirigeant du PCT ne m’a offert un petit instant d’échange. Mon élection n’est pas un parjure. C’est la libre expression de la démocratie.

LDB: Enfin, quel est votre crédo durant les 5ans de votre mandat ?

GTME: Mon crédo c’est la rigueur et la solidarité en vue des résultats efficaces.

 

 


Josiane Mambou Loukoula

Légendes et crédits photo : 

Photo: Ghislain Manguessa Ebomé