Les Dépêches de Brazzaville



Phénomène enfants de la rue : les Ponténégrins appelés à jouer un rôle éducatif


Le regard que le monde en général et les Ponténégrins en particulier portent sur des enfants qui vivent dans la rue  inquiète de plus en plus les acteurs intervenant pour ce phénomène. Face à cela, le nouveau directeur du Samu social Pointe-Noire a demandé  à la population congolaise d’arrêter toute violence à l'égard de ces enfants. «Ces enfants sont des victimes avant tout. Il ne faut pas les traiter comme des criminels. Cela ne veut pas dire qu’il faut accepter le vol et la violence qu’ils font.  Mais il faudrait jouer un rôle éducatif auprès d’eux, leur expliquer que ces choses ne sont pas bonnes et tenir un regard de bonté pour ces jeunes, parce qu’ils n’ont pas choisi être dans la rue », a-t-il dit, tout indiquant que le Samu  Social et  les commissariats de police sont en train de mener un grand travail pour lutter contre les actes de stigmatisation envers ces démunis.

Raphaël Ellul a, cependant, apprécié le professionnalisme de l’équipe du Samu social Pointe-Noire qui accompagne ces enfants défavorisés. « Quand je suis arrivé, j’ai été impressionné par la posture professionnelle de l’ensemble de l’équipe du Samu Pointe-Noire qui a un regard très juste, avec beaucoup de mesure sur eux. Il y a cette volonté d’accompagner l’enfant à ce que lui-même exprime ses besoins, ses craintes, sa peur, son histoire et l’accompagner d’une manière la plus juste possible. Il y a une qualité de regard très intéressante », s’est réjoui le nouveau directeur, en remerciant les bénévoles du Samu du temps qu’ils accordent à ces enfants.

Parlant du projet lancé par le Samu social en 2016 pour une période de deux ans, à savoir "Action concertée pour l’accessibilité des enfants et jeunes de la rue de Pointe-Noire à des services sanitaires et psychologiques de qualité",  l’orateur a indiqué que le projet a connu quelques avancées  avec la mise en formation de vingt-cinq jeunes dont seize tiennent la formation en divers métiers comme la maçonnerie, la mécanique, l’électricité, la soudure, la pâtisserie... «On a également mis en place une plate-forme de concertation avec les autorités locales qui se réunit une fois tous les trois mois. Nous avons eu quelques avancées avec la signature des contrats avec les hôpitaux qui donnent des tarifs réduits aux enfants qui vivent dans la rue de se faire soigner.  Nous avons aussi mis en place une cartographie des acteurs pour répertorier tous les centres auxquels les enfants peuvent bénéficier d’un soutien pour la santé économique et sociale. Aussi les maraudes s’effectuent-elles toutes les nuits », a-t-il  indiqué.

Le nouveau gérant  du Samu  a aussi dévoilé sa feuille de route. En effet, le samu entend travailler en partenariat avec la Chambre de commerce de Pointe-Noire et l’Association Pointe-Noire industrie, afin de pérenniser cette formation et d’attirer l’attention des nouveaux bailleurs, des autorités locales pour faciliter la formation d'un ou deux jeunes dans le primo-entrepreneur et ensuite réaliser un business plan afin de leur garantir un investissement qui leur permettra de lancer leur affaire.  « L’objectif de ce projet pilote qu’on aimerait mettre en place, d’ici  à fin décembre, est qu’une fois arrivé à la fin du projet pilote, qu’on puisse le présenter. L’alphabétisation dans un premier temps, la formation professionnelle et l’insertion professionnelle. Cela fait partie de mes objectifs et de mes tâches d’aller capter des fonds pour pouvoir continuer ces travaux, de toujours prendre soin de la santé des enfants et de pouvoir continuer ces activités d’insertion professionnelle », a dit le nouveau directeur du Samu social.

Raphael Ellul a, par ailleurs, remercié les différents partenaires qui les soutiennent, parmi lesquelles l’Union européenne, l’Agence française de développement, Congo Terminal, Total E&P Congo, Chevron et son partenaire historique la mairie sans lequel le samu n’existait pas. Soulignons qu'il  est à son premier poste de directeur du Samu en Afrique centrale. Infirmier de formation, il a travaillé au Samu social de Paris de 2013 à 2015 avant de repartir en formation où il obtient le diplôme  de gestionnaire des projets. À l’issue de cette formation, il est délégué coordonnateur dans la gestion des déchets au Mozambique avant de revenir à Paris où il est rappelé par le Samu social international pour être nommé directeur de samu social Pointe-Noire, en remplacement  de John Tama.


Charlem Léa Legnoki

Légendes et crédits photo : 

Raphael Ellul "photo DR"