Les Dépêches de Brazzaville



Photographie : Christian Mpéa, baroudeur du 8e art !


Né à Brazzaville à la fin des années 1980, Christian Mpéa quitte le Congo qu’il chérit pour étudier en France, jusqu’à ce qu’il  obtienne à Paris un master en droit, relations internationales et  sciences politiques. Un séjour linguistique à Auckland [Nouvelle Zélande] plus tard, Christian s’installe à Pointe-Noire, là ou vit l’essentiel de sa famille, et fait en 2013 l’acquisition d’un Nikon 7000 pour saisir toutes les images qui s’offrent à lui, au gré de ses périples sur sa terre natale. « C’est à l’adolescence que mon intérêt pour la photographie a commencé. Mon père avait un appareil photo compact digital que j’empruntais pour faire des clichés de mes amis de collège. Cela s’est transformé en véritable passion lors des voyages qui ont ponctué mes études supérieures », raconte cet autodidacte, pour qui le feeling  reste le maître mot de son travail. Peu enclin à la photo de pub, de mode ou encore de mariage, Christian a fait du paysage, celui des quatre coins de son pays, son domaine providentiel. Ce baroudeur dans l’âme, qui n’hésite pas à dormir sous une toile de tente s’il le faut,  est avant tout un chasseur d’émotions comme il l’explique : «  Lors d’un séjour aux Gorges de  Sounda, j’ai immortalisé peu avant 6 heures du matin et depuis un pont métallique, un lever de soleil d’un rouge époustouflant. Un grand moment, gravé à jamais dans ma mémoire ».

Au-delà des paysages et des kilomètres parcourus, la photographie est également source de rencontres, comme celle avec un centenaire du village Kimfoukou délivrant le secret de sa longévité,  ou encore celle de Vieux Bouliste au village de Tchinzoulou, sur le fleuve Kouilou, un étonnant nageur malgré son vieil âge. Christian se souvient aussi : «  J’ai également été marqué par la rencontre avec un enfant probablement autiste, m’ayant accueilli à bras ouverts à Mossendjo. Il semblait comme abandonné, perdu dans la ville, avec pour seule fortune une pièce de 100 F CFA qu’il voulait absolument me donner et qu’il n’a jamais voulu reprendre ». 

Armé de son Sony A7iii et de plusieurs objectifs, mais également d’un drone pour les prises de vues aériennes, sans oublier son IPhone car, dit il, les résultats sont assez bluffant, Christian Mpéa tient déjà pour cibles ses prochains paysages : la Rivière Bleue et la chute de Dimani dans le Niari, la chute de Tchiaki dans la Bouenza, le pont en lianes sur l’Ogoué ou la chute de Loumongo dans la Lekoumou. «  Le site que je souhaite par dessus tout visiter et photographier est le Lac Télé, dans la Likouala. Yann Arthus Bertrand a shooté cet endroit avec brio et ce sera sans doute difficile de faire mieux. Mais qui sait ? Peut-être aurai-je l’opportunité de prendre la première photo du Mokélémbembé », dit il en riant.

Quoiqu’il en soit, les paysages de Christian Mpéa, encouragé par la ministre du Tourisme et de l’environnement, Arlette  Soudan-Nonault, voyagent sur la grande toile et sur la page Facebook « Kiki Lawanda » pour le plus grand plaisir des internautes. Et si une première exposition a eu lieu le mois dernier au Burgundy, dans la ville océane, lors de la soirée Petit Piment, d’autres sont en prévision à Pointe-Noire et Brazzaville.

 En attendant, ses photos sont disponibles sous forme de cartes postales à Tchilif Store à l’Hôtel Elais avant qu’un Book Photo ne soit mis en vente une fois que ce baroudeur du 8e art aura  parcouru tout ce que la République du Congo compte comme départements.


Philippe Edouard

Légendes et crédits photo : 

Christian Mpéa