Les Dépêches de Brazzaville



Politique nationale d’alimentation scolaire : capitaliser le savoir-faire du Japon et d’autres bailleurs


La République du Congo développe depuis plus d’une décennie, en collaboration avec plusieurs partenaires, la politique d’alimentation scolaire. Ainsi, pour la pérenniser, le pays s'est doté depuis décembre 2017 d’une direction de l’alimentation scolaire. Agence d’exécution de ce programme sur le terrain pour le compte de plusieurs bailleurs, le PAM pense que la loi japonaise sur les cantines scolaires, votée en 1954, a grandement contribué à la nutrition et à la santé des enfants après la guerre. « Ce que le Japon apporte, ce n’est pas seulement les boîtes de conserve. C’est aussi des idées, des systèmes, des structures qui pourraient faire en sorte que la cantine scolaire au Congo couvre tous les enfants et qu’elle soit durable. Pour nous, l’enjeu c’est transformer ces appuis en structures consistantes, solides, durables pour le Congo », a expliqué Jean-Martin Bauer, lors d’une mission de presse organisée par l’ambassade du Japon.

S’appuyant sur les résultats des études réalisées en 2016 en partenariat avec le ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et de l’alphabétisation et la fondation Master Card, il a annoncé qu’un dollar investi dans la cantine scolaire produit dix dollars de retombées économiques au niveau du pays. D’après lui, quand le Japon octroie une aide de 1,8 million de dollars, cela veut dire qu’il a investi dix-huit millions de dollars pour le Congo. Ces retombées économiques sont, a-t-il expliqué, particulièrement fortes pour les filles que les garçons dans des domaines tels que la santé, l’éducation ainsi que les opportunités d’emploi. «Le Japon est un pays qui a su généraliser les cantines scolaires. Le taux de couverture est au-dessus des 90%. Donc, évidemment, il y a beaucoup que l’on peut apprendre de la part du Japon. Nous travaillons avec le Japon et les autres donateurs qui ont une expérience dans les cantines scolaires, pour nous aider à avoir des voies et moyens pour généraliser cette politique au niveau du Congo », a poursuivi Jean-Martin Bauer.

Pour lui, le savoir-faire du Japon est utile ainsi que celui d’autres bailleurs à l’instar du Brésil qui a aidé le PAM à faire des avancées au niveau de la réflexion sur la généralisation des cantines scolaires. Quant aux Etats-Unis, ils sont, selon lui, présents et disponibles pour organiser des voyages d’échanges et ont un modèle assez particulier. « A ce stade, ce que le Congo, les Nations unies et les bailleurs devraient faire à mon avis, c’est de poursuivre les discussions sur comment faire pour être sûr pour réaliser à l’horizon 2025 la vision  "Une école, une cantine, un champ" mais aussi penser au-delà tout ce qui est nécessaire au ministère au niveau du gouvernement, au niveau décentralisé pour que ce soit la réalité », a-t-il estimé.

S’agissant de l’atteinte de l’objectif "Une école, une cantine, un champ", contenu dans la politique nationale d’alimentation scolaire, il a rappelé que ce n’est pas le PAM qui va le faire. L’idée consiste, a-t-il expliqué, à travailler avec les ressources du Congo pour que le pays puisse relever ce défi, à travers les démembrements du ministère. « Nous avons vu dans de nombreux pays africains que c’est possible. Il y a quelques semaines au Kenya, le PAM a marqué la passation du programme de cantines scolaires au gouvernement après dix ans de préparation de ce transfert. C’est ce que nous aimerions bien voir au Congo. C’est peut-être dans dix ans qu’on pourra dire que le Congo a pris en charge l’ensemble de ses cantines scolaires. Ce serait un grand progrès », a conclu Jean-Martin Bauer.

Notons qu’actuellement, le programme de cantines scolaires au Congo couvre près de soixante mille enfants des écoles primaires de plusieurs départements du pays. Le gouvernement et ses partenaires envisagent d’atteindre les sept cent mille recensés à travers le pays, en s’appuyant sur la production locale.


Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Jean-Martin Bauer expliquant la portée du don japonais dans les cantines scolaires /Adiac