Les Dépêches de Brazzaville



Primature : Bruno Tshibala poussé à la démission


La bagarre ayant opposé, le 5 mars, le gendre de Bruno Tshibala à « l’équipe » de son directeur de cabinet ainsi que toutes les révélations qui ont suivi risquent de pousser le Premier ministre à la sortie. Sa gestion des affaires publiques est remise en cause et beaucoup ne jurent que par son départ de ce poste.

Déjà, les acteurs politiques de l’opposition, même ceux qui, normalement, devraient être avec Tshibala, disent découvrir que le chef de l’État aurait fait un mauvais choix, dans la liste de primaturables qu'Olenghankoy lui avait remise. Pour eux, Bruno Tshibala n’était pas la personne indiquée pour assumer ces responsabilités au moment où le pays était confronté à plusieurs problèmes. « De la façon dont il est venu à la Primature, le pays ne pouvait rien attendre de lui, si ce ne sont pas des scandales du genre qu’il a offerts à l’opinion .», a réagi un politique qui affirme n’avoir jamais cru en Bruno Tshibala.

Parmi ceux qui attendent qu'il rende son tablier, figurent des membres de la société civile congolaise, constitués en panel d’experts. Le coordonnateur de ce panel, Dieudonné Mushagalusa, a, en effet, rapporté à la presse que la démission du Premier ministre est exigée pour « préserver l’image et la dignité de la République ». Ce panel reprocherait à Bruno Tshibala le népotisme, les bagarres, la mauvaise gestion et l’incompétence. « Nous avons appris avec amertume les évènements malheureux qui se sont succédé à la Primature depuis la prise de fonctions de l’actuel Premier ministre. Nous exigeons immédiatement la démission de M. Bruno Tshibala pour préserver la dignité et l’image de la République. À défaut de sa démission, nous exhortons le parlement d’organiser sa déchéance dès la session de mars 2018 .», a-t-il dit.

Aussi ce panel d’experts de la société civile exhorte-t-il la famille politique du Premier ministre de proposer au chef de l’État un autre candidat à ce poste qui « permettra au pays de cheminer vers les élections libres et transparentes ». Il est rappelé que cette bagarre à la Primature, dont les images ont circulé sur les réseaux sociaux et qui ont été abondamment commentées, a déjà emporté le directeur de cabinet de Bruno Tshibala, Michel Nsomwe, qui a déposé sa démission, le 8 mars, auprès du vice-Premier ministre, ministre des Transports et voies de communication, José Makila, assumant l’intérim de Premier ministre.

Le directeur de cabinet Nsomwe aurait craqué

Dans une interview accordée à "Top Congo", deux jours après ce scandale, Michel Nsomue avait confirmé que la Primature était une "pétaudière" avec un surnombre des membres du cabinet, près de huit cents, au profit desquels étaient émis des ordres de mission fantaisistes, et à qui on versait non pas de salaires mais des primes « humanitaires ». Pour le Premier ministre, la sortie médiatique de son directeur de cabinet était un « manquement grave ». Michel Nsomwe aurait, en effet, dit plus qu’il ne le fallait lors de cette sortie médiatique, alors qu’il devait se contenter d’user de la langue de bois pour protéger son patron. « Et partout dans le monde, lorsqu’un grave manquement est commis, il altère les rapports et invite à prendre des décisions qui s’imposent », lui a alors rétorqué le Premier ministre qui se confiait à "Jeune Afrique" depuis Londres où il séjournait.

Consécration du retard pour l’organisation des élections

Beaucoup craignent que la démission probable du Premier ministre, qui consacrera le départ de tout le gouvernement, justifie le retard dans l’organisation des élections attendues en décembre. La crainte, pour cette opinion, est que cette situation soit reprise par les gestionnaires de ces élections, en vue de justifier leur non-organisation à la date échue.

Pour les tenants de cette thèse, plusieurs options se présentent sur la table. Il s’agira notamment de remplacer Bruno Tshibala par quelqu’un qui ferait l'unanimité et dont la nomination respecterait les prescrits de l’Accord de la saint-Sylvestre, soit de continuer avec Tshibala mais, tout en respectant le calendrier publié par la Céni, qui prévoit l’organisation des élections présidentielle et parlementaires au 23 décembre 2018. Entre-temps, chacun fait des calculs selon sa vision de l’afffaire.


Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Bruno Tshibala