Les Dépêches de Brazzaville



Prix Carmignac du photojournalisme : trois questions à Emeric Glayse


Emeric Glayse, directeur du Prix Carmignac du PhotojournalismeLe Courrier de Kinshasa (LDK) : En quoi consiste le Prix Carmignac du Photojournalisme ?

Emeric Glayse (E.G.) : Le Prix Carmignac du photojournalisme a été créé par Édouard Carmignac, en 2009, face à une crise des médias et du photojournalisme sans précédent, afin de soutenir les photographes sur le terrain. Il a pour objectif de soutenir, chaque année, la production d’un reportage photographique et journalistique d’investigation sur les violations des droits humains et environnementaux dans le monde, ainsi que les enjeux géostratégiques qui y sont liés.

Sélectionné(e) par un jury international, le(la) lauréat(e) reçoit une bourse de cinquante mille euros lui permettant de réaliser un reportage de terrain de six mois avec le soutien de la Fondation Carmignac qui produit, à son retour, une exposition itinérante et l’édition d’un livre monographique. A la fin de chaque édition, quatre photographies rejoignent la collection.

LDK : A qui est ouvert ce concours ?

E.G. : L'appel à candidatures est ouvert à toutes et tous les photographes de plus de 18 ans. Les candidats doivent soumettre un projet entièrement original qui réponde à la thématique de la onzième : la RDC Congo et les enjeux humains, sociaux et écologiques auxquels elle fait face aujourd’hui. Il peut s'agir d'un projet collaboratif - par un collectif de photographes, accompagné d'un journaliste ou scientifique - mais il devra être soumis par une seule personne représentant l'équipe. Un portfolio de travaux du photographe est également nécessaire au jury pour faire sa sélection. Le dépôt de candidature est entièrement gratuit.

LDK : A l’heure de la révolution numérique et d’une pratique populaire de la photo, comment envisagez-vous l’avenir du photojournalisme ?

E.G. : Les photojournalistes ne font pas que prendre des photos. Ils enquêtent avec objectivité, s’informent auprès de sources fiables, font des interviews. Ils cherchent à comprendre pour mieux expliquer. Avec l’avènement des téléphones-appareils photos (les smartphones), tout le monde peut avoir la chance (ou la malchance) d’être au bon (ou au mauvais) endroit à un moment crucial et le photographier. Cette image peut devenir une preuve, mais ce n’est en rien du photojournalisme. Sans toutes les données qui l’entourent, leur analyse et leur vérification, cette photographie n’est qu’une partie de l’information. Les photojournalistes sont ceux qui vont trouver le sujet, ceux qui vont enquêter pour apporter toutes les informations dont nous aurons besoin pour que ces images deviennent des témoignages de l’histoire.


Propos recueillis par Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Emeric Glayse, directeur du Prix Carmignac du photojournalisme Crédit photo : Vincent Ferrané