Les Dépêches de Brazzaville



Projet Transaqua : la RDC s’oppose au transfert de la rivière Ubangi vers le lac Tchad


C’est avec stupéfaction que de nombreux Congolais ont appris l’existence du projet Transaqua visant à transférer les eaux de la rivière Ubangi en RDC, vers le lac Tchad menacé d’assèchement. Adopté par les pays membres de la Commission du Bassin du lac Tchad  constituée du Niger, Nigeria, Tchad et Cameroun, ce projet continue à être d’actualité pour ses initiateurs. D’autant plus qu’il est question de sauver le lac Tchad qui, en quarante  ans, a perdu près de 90% de surface d’eau.

En RDC, la démarche est loin de convaincre les autorités qui redoutent les conséquences tant écologiques, économiques que culturelles et identitaires que subira la population riveraine du fleuve Ubangi, dans l’hypothèse où le projet se matérialisait.

C’est aux fins d’en savoir un peu plus sur ce dossier sensible que les députés nationaux ont fait appel au ministre de l'Environnement, Amy Ambatobe, au cours de la plénière du 4 avril. Sans ambages, le ministre a indiqué que le gouvernement congolais n’était pas très intéressé par ce projet qui présente beaucoup d’inconvénients pour le pays. Il s’agit, entre autres, « du devenir du barrage et du projet grand Inga, du devenir de la mangrove avec ses zones de fraîcheur particulières ainsi que du risque du réchauffement climatique qui résulterait de l’évaporation du carbone contenu dans les tourbières du Bassin du Congo », a-t-il signifié.

Nonobstant l'intérêt financier qu’il y a dans ce projet en vendant de l’eau brute aux pays sous stress hydrique, le ministre a mis en relief la grave menace que représente ce projet  contre la biodiversité de la RDC et de son écosystème.  « Tout transfèrement d’eaux du fleuve Congo est conditionné par des études préalables. Ce qui exclurait tout transfèrement à partir de l’Ubangi », a-t-il déclaré, avant de suggérer à la représentation nationale d’organiser un lobbying de taille pour expliquer la bonne volonté du pays à assister ses voisins, mais après des études préalables d’impacts environnementaux et sociaux.


Alain Diasso