Les Dépêches de Brazzaville



Reddition des comptes 2018 : les chiffres présentés à la commission Ecofin


Le projet de loi portant reddition des comptes pour l’exercice 2018 est actuellement en étude au niveau de la Commission économique et financière (Ecofin) de l’Assemblée nationale. D’emblée, les chiffres disponibles indexent plusieurs institutions dans l’exécution des dépenses de l’administration au cours de l’exercice antérieur. Il y a la présidence de la République qui a réalisé des dépenses de l’ordre de trois cent deux millions de dollars américains sur des prévisions budgétaires de soixante-trois millions, soit 476 % de réalisation. Par la suite, la primature et quinze ministères ont réalisé également d’importants écarts.

Du côté du Premier ministre, les dépenses ont atteint quarante millions de dollars américains sur des prévisions budgétaires de l’ordre de vingt-trois millions, soit 176 % de réalisation. Au sein de l’exécutif central, les ministères en dépassement sont les Affaires étrangères (227 %), la Décentralisation (121 %), l’Intérieur (108 %), la Défense (146 %), les Finances (106 %), le Budget (126 %), le Plan (138 %), la Justice (150 %), la Communication et médias (106 %). En dehors de l’exécutif national, il y a aussi d’importantes institutions comme l’Assemblée nationale (dépassement de 133 %) et le Sénat (dépassement de 116 %).

Les chiffres ainsi dévoilés dans le rapport de la Cour des comptes, une institution supérieure de contrôle relevant du parlement, viennent confirmer un véritable accaparement du Trésor public par les politiques, comme le soutiennent, d’ailleurs, certains experts. Ces derniers rappellent que les dépenses sur crédits limitatifs doivent être engagées dans le strict respect des dotations budgétaires, au risque de représenter une véritable faute de gestion. Des sanctions ne sont pas exclues à l’encontre des auteurs des dépassements, conformément à la loi. En effet, ils sont bien responsables car ayant posé les actes en plein exercice de leurs fonctions. Cette responsabilité s’étend également sur les résultats des programmes sous leur autorité.

Quant aux dépenses courantes du pouvoir central, elles ont connu des dépassements dans certaines rubriques : frais financiers (150 %), dépenses de personnel (106 %), biens et matériels (261 %) et dépenses de prestations  (205 %). Si les dépenses ont littéralement explosé, il faut indiquer que les recettes n’ont pas suivi la même tendance, soit un taux d’exécution global d’à peine 88 %. En volume de recettes, cela représente 5,076 milliards de dollars américains contre des prévisions de 5,710 milliards. Nous y reviendrons lors du débat sur cette loi en plénière.  


Laurent Essolomwa