Les Dépêches de Brazzaville



Région du Kasaï : Ocha relève une urgence complexe


Dans un aperçu de la situation dans le Kasaï fait dans le cadre du sixième rapport de la situation sur l’urgence complexe dans la région du Kasaï, publié le 17 mai 2017, le bureau de l’ONU pour la coordination de l’aide humanitaire a rapporté, alors que les violences se poursuivent dans cette partie de la RDC, environ 23 700 nouveaux déplacés au cours de la semaine écoulée, y compris –pour la première fois– une vague de 2 200 personnes arrivées dans la province du Kwilu. Cela porte à 8, à en croire cette agence onusienne, le nombre de provinces du pays touchées par la crise.

Selon Ocha, en effet, des affrontements entre deux factions rivales de la milice, d’une part et entre la milice et un groupe d’autodéfense constitué sur une base essentiellement ethnique, d’autre part, ont provoqué le déplacement, depuis le 5 mai, en direction de la ville de Tshikapa et dans la brousse, de quelque 17 500 habitants des aires de santé de Mukwandjanga, Kamanyonga, Mao et Kabungu (zone de santé de Kamonia), dans la province du Kasaï. Alors que dans la province de la Lomami, près de 4 000 personnes déplacées sont arrivées en plusieurs vagues dans la ville de Mwene-Ditu en provenance de Katshisungu. Et, plus de 2 200 déplacés (dont 14 enfants non-accompagnés) en provenance de la région du Kasaï sont arrivés dans la province du Kwilu, dans les territoires de Gungu et Idiofa, par vagues de 30 à 100 personnes par jour. « Les violences répétées contre les civils ont fait plusieurs centaines de morts et d’habitations incendiées ainsi que divers cas de violences sexuelles », a regretté ce bureau des Nations unies.

Une situation alarmante

Ocha a également relevé que dans la province du Kasaï, les alertes reçues restent alarmantes, comprenant notamment des allégations de mort de civils à Kamako. « De plus, sept femmes et trois enfants fuyant l'insécurité de la localité de Kamonia ont été victimes d’abus de la part d’une dizaine d’hommes munis d’armes de guerre et de machettes aux environs du village de Muyombo (à 25 km de Tshikapa). Cinq d’entre elles auraient été tuées pour avoir refusé de se déshabiller et un enfant aurait été blessé par balle », a souligné Ocha, dans son rapport. A cela s’ajoute, a continué l’agence onusienne, une attaque contre des civils dans la nuit du 8 au 9 mai 2017 à Brintshi (Territoire de Kamonia) organisée par des membres d’une ethnie rivale, qui aurait fait de nombreux morts. Selon Ocha, les attaquants auraient notamment brûlé l’église où les personnes s’étaient réfugiées pour échapper aux violences. « Au moins 20 personnes auraient été recueillies par les structures de santé locales. A noter que selon plusieurs sources fiables, la dimension interethnique du conflit s’intensifie dans la zone, avec notamment l’établissement de points de contrôle multiples entre Tshikapa et la frontière sud de la province, dans le but de nuire aux communautés minoritaires identifiées comme proches des milices », a noté Ocha.

Ce bureau de l’ONU a également noté que dans la province du Kasaï Central, au moins plusieurs dizaines de personnes auraient été tuées le 7 mai 2017, lors d’affrontements entre les Forces Armées de la RDC et les milices au niveau du marché du village de Tshisuku (Territoire de Kazumba). De plus, dans les zones de santé de Luambo et Yangala, 925 maisons auraient été brulées; et dans la zone de santé de Mshika, plus 200 maisons auraient été incendiées de même que les centres de santé de Nsalamushimba, Ngweji et Mulopo les 6 et 7 mai 2017.

Ocha a noté qu’un début d’accalmie a cependant été perceptible à Kananga et une partie du Territoire de Dibaya, bien que la situation sécuritaire y reste précaire et tendue et que de nouveaux incidents de protection soient encore rapportés quotidiennement. « Ainsi, de nombreuses alertes non-confirmées font état de disparitions forcées et d’exécutions extrajudiciaires de personnes soupçonnées de soutenir les miliciens », a rapporté cette agence onusienne.

Pour la province de la Lomami, Ocha a relevé que 76 personnes auraient été tuées et 122 maisons incendiées à Kamiji (Territoire de Miabi), suite à des affrontements entre miliciens et FARDC. Dans le Territoire de Mwene-Ditu, le conflit interethnique continue entre les groupes d’auto-défense et les communautés non originaires de la zone. Alors que des menaces continuent à peser sur le clergé catholique dans la ville de Mwene-Ditu, qui a dû abandonner les paroisses pour se réfugier chez la population locale. En outre, le 7 mai, a souligné le bureau de l’ONU, deux écoles primaires ont été détruites par des FARDC à Mulanga et Kimenga (Territoire de Luilu).

Pour Ocha, au-delà de la situation préoccupante dans les trois Kasaï, une aide multisectorielle d’urgence est prioritaire dans la province du Lualaba, notamment pour 1 086 déplacés arrivés le 6 mai en provenance de la province de la Lomami, s’ajoutant aux 28 000 déplacés dans le Territoire de Kapanga.


Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo: des déplacés dans l'Est de la RDC/archives