Les Dépêches de Brazzaville



Relance de la filière café : l’impulsion partira du Kivu


Le Kivu est déterminé à redonner sa valeur commerciale au café produit en RDC. Et ce n’est plus qu’un simple slogan car, durant deux jours, tous les acteurs du secteur du café se sont retrouvés à Bukavu, la ville aux mille collines et capitale du Sud-Kivu, pour participer à la quatrième édition de « Saveur du Kivu », la grand-messe organisée par le ministère de l’Agriculture et un consortium d’organisations internationales. En résumé, l’on retient de ce forum deux grandes directions pour les actions futures : la promotion du café de la spécialité congolaise et l’éducation de la population. Outre la volonté gouvernementale de susciter de nouveau l’intérêt sur un secteur qui se meurt paradoxalement en dépit des terres fertiles quasiment inexploitées, cette rencontre était également une occasion propice d’éduquer justement les producteurs sur les nouvelles techniques moins coûteuses, la production et le traitement du café.  La quatrième édition a mis en évidence particulièrement un groupe spécifique, en l’occurrence les petits producteurs. En effet, très peu parmi eux, notamment les jeunes, les femmes et les groupes sous-représentés, sont informés des opportunités qu’offre réellement le secteur du café en RDC.

Historiquement, la RDC a une longue tradition du café. Il est inutile de rappeler les vingt produits agricoles exportés par le pays dans les années 1960, soit 40 % de la valeur totale de ses exportations. Aujourd’hui, les mines représentent plus de 90 % des exportations rd-congolaises. Pire, nous parlons d’un pays qui s’est hissé, au cours de la même période, à la sixième place de la production mondiale de l’huile de palme et la troisième place de la production africaine du coton. Mais le rêve s’est brisé en chemin. Dans le secteur de la caféiculture, bien de contraintes ont bloqué la progression fulgurante rd-congolaise : le vieillissement du verger et des planteurs, le problème d’accès aux intrants de qualité, l’interruption des activités de recherche agricole et, le nerf de la guerre, l’absence d’un dispositif de financement approprié. Bien entendu, la liste ne serait pas exhaustive si l’on élude le déficit d’organisation des associations des producteurs et l’enclavement des zones de production.

Comme l’ont réaffirmé les participants au forum du Kivu, ces réalités dramatiques sont bien connues des décideurs rd-congolais qui n’ont pas investi un rond pour renverser la vapeur depuis des lustres. Toutefois, ce que l’on ignore est que le café rd-congolais n’a pas attendu les politiques pour revigorer sa position. Au fait, elle a fait son grand retour sur la scène internationale en octobre 2018, avec des prix remis à deux cafés du Kivu, le Gourmet spécifique Or et le Gourmet spécifique Argent, au quatrième concours international des cafés torréfiés. Au sujet de son producteur, il s’agit d’un jeune caféiculteur répondant au nom bien kivutien de Rwakabuba Nsaba. Cette donne justifie le terme bien choisi par les participants de « Saveur du Kivu » de renaissance du café rd-congolais. Plusieurs producteurs nationaux ont exposé leurs produits lors de ce forum, suscitant l’intérêt des distributeurs nationaux et internationaux du café également présents.  Il y a même eu une séance de dégustation des différentes sortes de café à l’intention des invités.   


Laurent Essolomwa