Les Dépêches de Brazzaville



Révision de la Constitution : difficile consensus à la majorité présidentielle


Le débat sur la problématique de la révision de la Constitution au sein de la majorité présidentielle n’a pas beaucoup évolué au regard de la réunion du bureau politique convoquée  lundi à Kingakati par Joseph Kabila. Cette rencontre de vérité ayant mis aux prises les pro et les anti-révisionnistes n’a hélas pu déboucher sur une option claire et définitive sur cette matière. Après les arguments développés par les uns et les autres en appui à leur thèse respective, l’on s’est finalement rendu compte que rien de consistant n’a été dégagé en termes de choix politique. En bon arbitre, l’autorité morale s’est donné le plaisir d’écouter les deux parties opposées chapeautées, d’un côté, par le Parti du peuple pour la reconstruction et démocratie (PPRD), et de l’autre, par le Mouvement social pour le renouveau (MSR).

D’après des sources, les deux blocs ne se sont pas fait des cadeaux et sont restés figés dans leur position. Pour le parti présidentiel qui ne jure que par la révision de la Constitution, c’est la seule alternative pour permettre à l’actuelle majorité de conserver le pouvoir et de permettre à l’autorité morale de rempiler pour un mandat supplémentaire au-delà de 2016. Bien plus, le fait de toucher aux dispositions verrouillées de la Constitution dont le fameux article 220 relatif à la durée du mandat du chef de l’État est un exercice légal, puisque la Constitution elle-même a prévu la procédure de sa propre révision, ont argumenté le PPRD et ses alliés. Une approche pas du tout partagée par le MSR et compagnie qui ont fait remarquer qu’il était possible de conserver le pouvoir tout en respectant le cadre institutionnel actuel. En fait, le MSR tient au respect de la Constitution dans ses dispositions intangibles qui, pour les besoins de la cause, ne peuvent faire en aucun cas l’objet d’une quelconque retouche.

Ces deux partis phares de la majorité n’ont pu être départagés par l’autorité morale qui n’a pas non plus donné une position claire à ce sujet, préférant ramener les deux camps à ses déclarations du 20 mars dernier tenues lors d’une causerie morale sur le même site. L’on rappelle que le chef de l’État, Joseph Kabila, avait à cette occasion affirmé sans ambages qu’il n’y aurait pas de Dauphin en 2016. Tout en relevant les faiblesses de l’actuelle Constitution, il avait déclaré qu’il fallait lever des options notamment quant au mode de scrutin indirect des élections des députés provinciaux pour lequel il voyait plus davantage que d’inconvénients. Toutefois, dans une hypothèse de blocage, le chef de l’État n’avait pas écarté la possibilité de recourir au souverain primaire via une consultation ou un référendum. Les dires de Joseph Kabila lors de cette entrevue avec les membres de la majorité présidentielle trahiraient, d’après maints analystes, sa volonté de se représenter en 2016. Ce qui appellerait inévitablement une révision de la Constitution en son article 220.

D’où le débat interne à la majorité autour de la révision de la Constitution apparaÎt, de l’avis de nombreux observateurs, comme une pure distraction, l’autorité morale s’étant déjà exprimée sur cette question. Les anti-révisionnistes, pense-t-on, finiront par revenir à la raison et rallier le camp opposé compte tenu de l’importance de cette question déterminante à plus d’un titre quant au devenir politique de la majorité et de son autorité morale.


Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Le secrétaire général de la majorité présidentielle, Aubin Minaku